Il paraît que le sourire d'un enfant n'a pas de prix. Mais il a un coût. Plusieurs études ont cherché à évaluer combien coûtait un enfant à ses parents de sa naissance à sa majorité. Une récente étude canadienne chiffrait le tout à 230.000 dollars, soit environ 200.000 euros. En France, on s'accorde généralement sur un coût de 100.000 euros.
Mais ces études n'ont probablement pas pris en compte le facteur «tablette et smartphone». Car les digital natives dont on loue généralement la formidable utilisation intuitive des applis mises à leur disposition sont aussi très à l'aise quand il s'agit de dépenser des milliers d’euros dans l'App Store.
Nombreux sont les parents qui en ont fait l'amère expérience.
En juillet 2013, un père britannique a découvert que Lily, sa fille de 5 ans, avait dépensé l'équivalent de 4.500 euros dans l'App Store de l'iPad familial. Les jeux pour enfants sont souvent gratuits, mais les bonus, eux, sont payants. La fillette a ainsi réalisé 74 transactions.
Chez Slate, un père dont on taira le nom, a lui aussi découvert que son fils avait acheté pour 1.400 euros de bonus sur son iPod.
Le phénomène a pris tellement d'ampleur qu'en janvier dernier, poussé par les autorités de régulation, Apple s'était engagé à rembourser 32 millions d'achats en ligne effectués par les enfants à l'insu de leur parents. Des milliers de familles avaient porté plainte, reprochant à l'entreprise de ne pas avoir assez sécurisé le système de paiement.
En effet, au moment de finaliser l'achat, seul un écran demandant à un parent d'entrer un mot de passe dans l'application pour enfant s'affichait. De plus, cet écran pouvait rester affiché un quart d'heure sans exiger de nouvelle identification, de quoi largement laisser le temps aux enfants de vider le compte en banque de ses parents.
Apple s'était alors engagé à rembourser les «victimes», ainsi qu'à mettre en place des réglages «plus restrictifs» avant le 31 mars 2014.
C'est chose faite. Enfin presque.
Apple a envoyé un mail aux 28 millions d'utilisateurs ayant récemment effectué des achats dans l'App Store:
«Certains utilisateurs nous ont avertis qu’il était trop facile pour leurs enfants d’effectuer des achats in-app. En conséquence de quoi nous avons amélioré les possibilités de contrôle des parents, de façon à ce qu’ils puissent mieux gérer les achats de leurs enfants ou les interdire complètement. De plus, nous offrons le remboursements dans certains cas.»
Il est donc désormais possible d'exiger un remboursement immédiat en cas de fièvre acheteuse de l'enfant... si vous résidez aux Etats-Unis. Apple a en effet choisi de ne faire bénéficier de ses largesses que les parents américains. Soit ceux qui se sont montrés le plus remontés après les achats compulsifs de leur progéniture.
Les autres, dont le papa de Slate sus-cité, sont invités à veiller eux-mêmes à ce que ces incidents ne se reproduisent plus. En effet, une page d'instructions est à leur disposition et leur indique la manipulation à effectuer pour mettre en place le contrôle parental le plus strict possible.
Toutefois, comme le signale le Daily mail, et contrairement à ce qui est indiqué dans le courrier d'Apple, les paramètres et les possibilités de contrôle restent, eux, strictement les mêmes.
Le fameux délai de quinze minutes dont dispose l'utilisateur pour effectuer des achats sans avoir à s'identifier une seconde fois existe toujours. Ainsi, si l'enfant sait déjouer les paramètres installés par ses parents, ou s'il se saisit de la tablette ou du téléphone moins d'un quart d'heure après que ses parents ont effectué un achat, il pourra acheter autant de bonus qu'il le souhaite.
Ce mail adressé aux utilisateurs, cette (très restreinte) possibilité d'être remboursé... voilà donc l'habile manière qu'a trouvé Apple pour donner l'impression d'avoir pris le problème à bras le corps tout en disant aux parents qu'ils n'ont qu'à mieux surveiller leurs enfants.