Faut-il vraiment se féliciter du retour à la mode du français dans certaines écoles américaines? Pas selon John McWhorter, linguiste et chroniqueur pour The New Republic. Selon lui, le fait d’apprendre le français n’est qu’un «marqueur de classe» datant de l’époque d’Henry James, alors qu’il faudrait choisir d’apprendre une langue étrangère «pour son utilité présente plus que comme un marqueur de mode»:
«L’idée que les enfants nés aux Etats-Unis doivent apprendre le français est devenue davantage un réflexe qu’une action réfléchie, comme les gens qui n’écoutent que de la pop mais font jouer de la musique classique à leur mariage.»
Evidemment, il suggère du coup aux petits Américains d’apprendre plutôt l’espagnol ou le chinois:
«J’aurais aimé que, à l’époque du Watergate, on m’ait appris le chinois plutôt que des expressions comme pomme de terre [en français dans le texte, NDLR] et je m’appelle. Hélas.»
Les arguments de John McWhorter sont loin de faire consensus. En 2012, le journaliste Robert Lane Green expliquait ainsi sur le site More Intelligent Life que le français serait plus utile et «beaucoup moins limité que ce que la plupart des gens pensent», en raison de l’appartenance de 56 pays au club de la francophonie. Ou encore du fait que maîtriser le français permet aussi de «mieux apprécier l’art, l’histoire, la littérature, la gastronomie, tout en procurant un outil important pour les affaires ou la diplomatie», sans oublier le caractère de destination touristique de la France.
Récemment, nous vous signalions que, à New York, selon le New York Times, apprendre le français devient très demandé alors que cette langue pourrait apparaître comme «anachronique». Un renouveau de popularité de la langue de Molière qui est à mettre en grande partie sur le compte des efforts des institutions françaises, qui ont soutenu financièrement les écoles de New York en offrant des formations à des professeurs américains en France ou via des investissements directs.
Au total, dans les écoles publiques new-yorkaises, les programmes bilingues anglais-français sont les troisièmes les plus enseignés –derrière, ce qui pourrait rassurer très légèrement John McWhorter, ceux portant sur l’espagnol et le chinois.