Se faire exorciser en ligne par visioconférence, ça ne marche pas, nous expliquent les exorcistes de métier. C’est le site Vocativ qui apporte cette clarification dans un article du 28 janvier, clarification manifestement nécessaire, vu que certains ne se privent pas de proposer un exorcisme via Skype.
Tel le révérend Bob Larson, pasteur évangélique américain, dont le site officiel vante pourtant l’expertise mondiale «en culte, occulte et phénomènes paranormaux». Sa page «Rencontre face-à-face avec Bob Larson via Skype» vous propose de «recevoir guérison et délivrance à VOTRE CONVENANCE» sans bouger de chez vous.
Ses méthodes d’exorcisme 2.0 ont même fait l’objet d’un reportage diffusé le 24 janvier sur CNN, démonstration à l’appui:
Et pourtant, comme l’explique à Vocativ le révérend Isaac Kramer, directeur de l’International Catholic Association of Exorcists (Association catholique internationale des exorcistes), les exorcismes «sont tout simplement impossibles de cette façon», «ce serait comme baptiser quelqu’un par téléphone»:
«Si quelqu’un est complètement possédé, le démon qui l’habite ne le laissera pas s’asseoir devant son écran d’ordinateur pour être exorcisé. Il y a plus de chances que le possédé projette l’écran à travers la pièce et se mette à tout casser.»
Et d’ailleurs, le révérend ne voit pas vraiment d’intérêt à moderniser une pratique «déjà perfectionnée». Un tel exorcisme par webcam avait déjà été tenté en 2009 par un rabbin kabbaliste, et «la tentative n’a malheureusement pas fonctionné», rapportait Matzav.com
Pour autant, l’exorcisme, le vrai, celui qu’on ne peut donc pas recevoir par Skype, semble être encore plébiscité aujourd’hui. En 2010, La Croix relayait l’étonnement de l’exorciste du diocèse de Chicago face au succès de son séminaire de formation aux exorcismes, dans un pays où, selon une enquête YouGov de septembre 2013, «la moitié des Américains croient en la possession par le Diable».
L'année dernière, le Vatican a dû démentir l’interprétation faite d’une vidéo du pape François où on le voit faire une prière qui ressemblerait à un exorcisme. Le Monde évoque cette controverse dans un article du 10 janvier dernier, revenant à cette occasion sur la recrudescence de ce ministère en France:
«Pour faire face aux demandes toujours plus nombreuses, tous les diocèses de France sont désormais dotés d'au moins un exorciste. Il y a trente ans, l'Hexagone comptait une trentaine de ces chasseurs de démons professionnels. Aujourd'hui, ils sont plus de cent vingt, qui se retrouveront fin janvier à Lyon, pour leur réunion annuelle.»
Du reste, comme le précise au Monde l’exorciste du diocèse de Paris, «les vrais cas de possession sont rarissimes », une dizaine sur les 2.400 appels reçus par son service en 2013. Interrogé par le Telegraph, un prêtre italien considère également que les besoins en exorcismes sont «rares, très rares»:
«Dans les cas où une maladie mentale est apparente, nous tâchons de renvoyer les gens vers un docteur»