Féministe n'est pas le premier adjectif qui vient à l'esprit quand il s'agit de parler du magazine féminin Cosmopolitan. Et pourtant, sa nouvelle rédactrice en chef, Johanna Cole, a déclaré le 2 décembre au site Capital New York que Cosmo était un magazine «profondément féministe», en ajoutant que Cosmo faisait plus pour la cause des femmes que «les universitaires de gauche».
Se déclarant ouvertement pour l'égalité salariale (qu'elle qualifie de «mainstream») et le droit des femmes à disposer de leur corps, Johanna Cole a fait remonter le niveau de Cosmo, d'après The Wire. Depuis sa prise de fonction l'an dernier, elle s'est rendue à quatre reprises à Washington rencontrer des politiciens progressistes. Son magazine garde malgré tout une sacrée réputation de «x façons de plaire à votre mec avec cet accessoire de maitresse de maison», on parle même de «shit magazine» à Oxford (où l'on doit pourtant trouver quelques universitaires de gauche).
Toujours est-il que Johanna Cole donne de l'importance aux questions de santé féminine. Un récent numéro de Cosmo consacrait douze pages aux différentes contraceptions existantes, parce que «le moment où vous avez des enfants est le choix affectant votre vie le plus important», a-t-elle déclaré au Washigton Post qui publiait son portrait en octobre dernier. Pour The Wire, qui a manifestement tout compris à cette problématique du contrôle des naissances, «c'est probablement vrai –si vous êtes une femme issue de la classe moyenne supérieure et que vous êtes allées à l'université. Beaucoup de femmes ont plus important à décider que le moment où elles auront des enfants».
Alors, Cosmo, féministe? Sûrement un peu, mais certainement pas profondément. Le magazine s'attache certes à des questions importantes de l'égalité femmes-hommes, mais ne mentionne pas les questions d'intersection des discriminations dont les femmes peuvent être victimes selon divers critères: religion, orientation sexuelle, couleur de peau... Se prononçant également en faveur d'un contrôle de la circulation des armes à feux aux USA, Cosmopolitan a donc, plutôt qu'un point de vue féministe, des idées modernes mais trop consensuelles pour se réclamer d'un «féminisme profond».