Cet été, Henry Michel avait plongé pour Slate dans les tréfonds de TripAdvisor, autoproclamé «plus grand site de voyage au monde», et des récits effrayants d’hôtels sordides qui s’y échangeaient pour en tirer le top 10 des hôtels les plus horribles de France selon le site de notations. Le site anglophone Death and Taxes, lui, y est allé sélectionner un autre genre d’avis négatifs: ceux publiés par des touristes mécontents de leur visite de la Grande Muraille de Chine, des pyramides de Gizeh ou du Machu Picchu. Ce n’est pas parce que ces monuments figurent sur une liste de « merveilles du monde» qu’ils ne méritent pas une sale note de temps en temps.
Quelques précisions s’imposent: quand on parle ici de «merveilles du monde», il ne s’agit évidemment pas des Sept merveilles du monde antique, lesquelles sont à l’abri de l’ire des membres de TripAdvisor, car disparues depuis des siècles, à l’exception des pyramides d’Egypte susmentionnées. Pour réaliser cette compilation, Death and Taxes s'est fondé sur une des nombreuses listes contemporaines de «merveilles du monde»; en l’occurence, celle établie en 2007 par une fondation suisse, après avoir organisé un vote à l’échelle mondiale.
Ensuite, pour mieux comprendre ces mauvaises critiques, certaines étant attribuées par des membres pourtant bien évalués au sein de la communauté TripAdvisor, il suffit de... lire les critiques. Comme l’explique Death and Taxes, «certaines personnes ne peuvent concilier les exploits architecturaux qu’ils ont devant les yeux avec ces inconforts prévisibles» qui peuvent se manifester au cours des visites des sites les plus appréciés au monde. C’est pourquoi la Grande Muraille de Chine se voit flanquée d’un 1 sur 5 pour cause de «brouillard», que le Taj Mahal est noté 2/5 par un «Top Contributor» qui titre: «Personne ne vous dit à quel point ça sent mauvais à l’intérieur», et que le Colisée écope lui aussi d’un 1/5 parce que l’auteur y a subi les assauts d’hommes «habillé[s] en gladiateur».
Death and Taxes trouve ces critiques «incompréhensibles et drôles» à la fois, et ils ne sont pas les premiers à être ainsi désarmés face aux avis postés sur TripAdvisor. En 2011, dans un article consacré à l’impact de ce site sur l’industrie hôtelière, The Guardian donnait la parole à Jared Blank, qui tient un site consacré à l’industrie du transport aérien, qui s’exclamait à propos des notes négatives données aux grands hôtels:
«Je suis toujours atterré par les commentaires: ça va de la qualité des fruits, à celle du réseau cellulaire sur une île perdue au milieu de nulle part, en passant par si la personne à l’accueil était suffisamment souriante. Je n’en reviens pas.»