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Faut-il s'inquiéter de la confidentialité du service Gmail?

Temps de lecture : 2 min

Google Logo in Building43 Robert Scoble via Flickr CC License by
Google Logo in Building43 Robert Scoble via Flickr CC License by

Article mis à jour jeudi 15 août à 12h30

La citation fait la une de tous les sites d'information depuis hier. Un utilisateur de service d'emails «ne doit pas s’attendre au respect du caractère privé de ses informations s’il se tourne volontairement vers un tiers» pour acheminer sa communication.

Cette bombe est issue d’un document transmis par Google à la justice américaine dans l’objectif de faire échouer plusieurs plaintes pour violation de la vie privée. Dans son texte, la firme se défend en citant une décision de justice américaine de 1979, le cas «Smith v. Maryland», rendue par la Cour suprême dans une affaire impliquant le caractère privé des correspondances.

En l’occurrence, il s’agissait d’un cas d’appel téléphonique: la Cour avait alors expliqué qu’en utilisant le téléphone, la personne s’exposait volontairement à ce que des informations soient transmises à l’entreprise de télécommunications dans le cadre de son activité.

En effet, Google ne se cache pas de procéder à l’analyse automatique du contenu des e-mails afin de filtrer les spams et de fournir de la publicité ciblée à ses utilisateurs. La citation extraite du document concerne cependant un cas plus précis: celui des utilisateurs d'autres services d'email qui envoient un message à un utilisateur de Gmail. Le raisonnement de Google est que ces utilisateurs d'autres services acceptent implicitement que les serveurs Gmail analysent leurs mails dans le but de vérifier qu'ils ne contiennent pas de virus, de spam et pour les acheminer vers leurs destinataires.

Le directeur de l’ONG Consumer Watchdog, qui a rendu le document public, a déclaré que «Google a finalement admis ne pas respecter la vie privée. Les gens devraient le prendre au mot. Si vous vous souciez du caractère privé des échanges email avec vos correspondants, n’utilisez pas Gmail.»

Google a réagi entre temps par la voix d'un porte-parole, qui précise: «Nous avons developpé pour Gmail des fonctionnalités de sécurité et de protection de la vie privée qui sont parmi les meilleures du secteur, et quel que soit l'émetteur d'un message envoyé à un utilisateur de Gmail, ces protections s'appliquent.»

Pour Matt Peckham du blog Techland sur le magazine Time, Google marque un point.

«Google dit qu’elle fait ce qu’elle fait, qu’elle a le droit de faire ce qu’elle fait, qu’elle a été très claire sur ce qu’elle faisait, et que quiconque accède à un service comme Gmail, depuis son email ou indirectement, est liée aux termes d’utilisation, incluant l’analyse automatisée du contenu de l’email et l’utilisation de celle-ci à des fins de publicité ciblée.»

D’un autre côté, Consumer Watchdog met en avant une disparité de traitement entre les entreprises de communication puisqu’ouvrir une lettre au cours de son acheminement constitue un crime fédéral… Comment arriver cependant à faire comprendre à ces sympathiques militants du respect la vie privée que lorsqu’ils envoyaient une lettre à la poste, ils devaient s'acquitter du prix du timbre? Cette affaire révèle une fois de plus la très relative «gratuité» des services en ligne proposés par Google et d'autres acteurs du numérique.

Ce mini-scandale fait suite aux révélations d'Edward Snowden sur les accords entre les géants du web et la NSA. Le sujet est ici différent, mais les mêmes inquiétudes rejaillissent. Pourtant, dès 2009, le PDG de Google Eric Schmidt avait été on ne peut plus clair sur les limites de la confidentialité du service Gmail.

A la question d'une journaliste de CNBC, «les gens considèrent Google comme leur ami le plus digne de confiance. Ont-ils raison?», Schmidt avait répondu à propos de l'utilisation des services de Google: «S'il y a quelque chose que vous ne voulez vraiment révéler à personne, vous ne devriez peut-être pas faire cela en premier lieu». Il avait rappelé que l'entreprise était soumise aux Etats-Unis au Patriot Act, et que des informations d'utilisateurs pouvaient de ce fait être transmises aux autorités.

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