L'industrie du rasoir est en mauvaise santé. Fin juin, la compagnie Energizer, qui commercialise les rasoirs Schick et Wilkinson Sword, a en effet annoncé que son volume de ventes annuelles avait diminué de 10%, comme nous l’apprend le Wall Street Journal.
«C’est la plus grande baisse que nous ayons jamais connue», déplorait alors Ward Klein, le président d’Energizer.
Pour combattre cette baisse, l’année dernière, l’entreprise Procter & Gamble a même dû relancer sa campagne de pub pour le rasoir Mach 3, qui avait été stoppée en 2006.
Or, les «hipsters hirsutes», ces nouveaux bobos qui arborent chemise à carreaux, sac en toile et poil long, pourraient bien être à l’origine de cette déconvenue, comme le suggère Businessweek. En effet, depuis quelques années, le hipster est partout, et avec lui, le port de la barbe se popularise.
Ce mercredi, l'AFP proclame d'ailleurs le retour de «la grosse barbe fournie». Le blog Euromonitor, lui, affirme qu'aller au travail sans se raser est de plus en plus accepté. Par ailleurs, une étude publiée en mai révélait que les femmes préférent les hommes avec une «grosse barbe de dix jours» plutôt que ceux qui sont rasés de près. Bref, ne pas se raser, c’est cool, et en plus, c’est bon pour la santé.
En conséquence, les grandes marques de rasoir essaient de s’adapter. Sur son site, Gillette publie un «catalogue de styles», pour apprendre à tailler sa barbe. Le site Euromonitor, lui, suggère plutôt aux marques d’investir dans des produits pour barbe tels que de la crème nourrissante ou des colorants.
Mais si les hipsters sont parfois présentés comme de parfaits boucs émissaires, le Wall Street Journal semble avoir une explication plus réaliste de cet actuel déclin: se raser est devenu de plus en plus cher. A chaque nouveau produit, le nombre de lames et d’options (2 en 1, 3 en 1...) augmente, et le prix avec. Cela expliquerait sans doute pourquoi de petites entreprises comme Dollar Shave Club, qui expédie à ses clients un nouveau rasoir tous les mois pour seulement un dollar, ont réussi à attirer 4% du marché national en un peu plus d’un an.