«Je ne peux pas dire que ce soit faux, je ne peux pas dire que soit vrai.» C’est un Laurent Jalabert un peu perdu qui réagit en début de semaine aux révélations de L’Equipe sur un contrôle antidopage positif intervenu en 1998 lors du Tour de France (qu’il quittera avant la fin cette année-là en signe de protestation contre les contrôles de police).
Pas vraiment un aveu, pas tout à fait un démenti pour celui qui n’avait jamais été contrôle positif durant sa carrière. Laurent Jalabert évoluait au sein de la formation Once lors de cette Grande Boucle remportée par Marco Pantani et marquée par l’affaire Festina (oui, l’année de la fameuse sortie de Virenque, «à l’insu de son plein gré»).
Il y a un mois et demi, le 15 mai, Jalabert avait été entendu par une commission d’enquête sénatoriale sur l’efficacité de la lutte contre le dopage en France, mise en place après les aveux de Lance Armstrong. «Jaja» avait alors admis avoir reçu des infiltrations de corticoïdes, justifiées par des autorisations à usage thérapeutiques (AUT): «Mais à aucun moment, je n’ai cherché à rencontrer de quelque manière que ce soit des médecins pour améliorer mes performances. Je n’ai pas dépensé un franc à l’époque pour en voir ou acheter des produits interdits», avait-il déclaré.
Pourtant, ce sont les tests rétroactifs menés en 2004 par l’Agence Française de lutte contre le dopage (AFLD) sur un échantillon d’urine du coureur français exhumé par cette commission d’enquête sénatoriale qui ont confondu le coureur français. De quoi lui faire perdre la tête? Il s'expose en tout cas à des poursuites pénales s'il s'avère qu'il a menti sous serment devant les sénateurs. Ce ne serait pas la première fois, comme le montre ci-dessous la recension des propos de Laurent Jalabert par la bible Cyclisme-dopage.com, que nous republions. Implacable. JH
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Cyclisme-dopage.com est la bible du dopage sur le vélo. Site indépendant, passionnant, précis et distancié, il compile statistiques, portraits, lexique, déclarations des coureurs, données sur les équipes. Il s'est associé à Antoine Vayer, Frédéric Portoleau et au Dr Jean-Pierre de Mondenard pour concevoir le livre «Tous dopés? la preuve par 21». A l'occasion de ce centième tour, nous republierons des extraits ce Cyclisme-dopage.
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1996
A propos de Lance Armstrong: «Je l'apprécie pour son tempérament offensif, mais il a aussi des défauts: il fantasme un peu, il se prend pour le centre du monde. Il est dans le faux.» (On m'appelle Jaja, Editions Solar 1996, page 189)
1998
Evoquant le traitement médiatique et policier de l'affaire Festina, en plein Tour de France 1998: «On nous prend pour des bestiaux, on va réagir comme des bestiaux...» (Cyclisme International, août 1998)
Après son retrait du Tour de France 1998: «La colère est générale mais on vient toujours vers moi pour savoir ce qu'il faut faire. Je suis le leader pour certaines choses mais pas pour toutes. Là en ce moment, je suis seul à être dans une voiture. Où sont les autres? En course!» (L'Equipe, juillet 1998, rapporté par cyclismag.com -23/07/2008)
1999
«Je suis français mais je ne me sens pas français.» (L'Equipe, 1/6/1999)
Après l'exclusion de Marco Pantani du Tour d'Italie: «C'est regrettable pour le cyclisme.» (L'Equipe, 6/6/1999)
Après que Richard Virenque ait été déclaré «pas bienvenu» sur le Tour de France par ASO : «Je crois qu'il a (...) apporté beaucoup au Tour pour être remercié de la sorte.» (L'Equipe 17/06/1999)
2002
«Grâce à ma carrière de sportif, j'ai appris à devenir un homme et à respecter certaines valeurs.» (rappelé dans A chacun son défi, 2009, page 30)
2007
«Je n'arrive pas à comprendre qu'on arrive à tricher quand on peut se faire attraper». (RTL, rapporté par cyclismag.com - 24/07/2007)
2008
A propos du dopage dans le cyclisme en général: «Le cyclisme reste un sport populaire parce que le public n'est pas dupe, il a compris que la tricherie, le dopage se trouvent dans tous les sports et que l'hypocrisie est ailleurs que dans le vélo. Il y a sûrement des choses à améliorer mais on a tellement d'avance sur les autres...» (velo101.com - 29/06/2008)
A propos de Riccardo Riccò, contrôlé positif sur le Tour de France 2008 : «Le vélo est gangréné par le dopage et pas seulement depuis dix ans.» (RTL, rapporté par cyclismag.com - 19/07/2008)
2009
A propos de l'annonce du cancer de Laurent Fignon: «C'est trop facile aujourd'hui d'imaginer que c'est parce que c'est un cycliste, c'est forcément parce qu'il s'est dopé qu'il a été malade. C'est une maladie qui est malheureusement très répandue.» (RTL, 12/06/2009, cité par letelegramme.com - 12/06/2009)
«Le jour où je voudrais parler du dopage, je ferais un livre. C'est pas un sujet tabou. Il faudrait plus parler de certaines personnes que de certaines pratiques qu'on connaît par coeur.» (LaDepeche.fr - 01/07/2009)
A propos de la guerre UCI-AFLD sur les contrôles du Tour de France 2009: «Le cyclisme est un sport qui prend ses responsabilités depuis de nombreuses années, qui combat le dopage de façon très active et qui aujourd'hui peut marcher droit en levant la tête.» (Ouest-France.fr - 14/10/2009)
«A mon sens, un champion a aussi un devoir d'exemplarité. Il doit véhiculer une image positive de son sport, faire aimer sa discipline.» (A chacun son défi, 2009, page 84)
«D'une manière générale, je serai clair : le harcèlement qui vise le cyclisme est une parfaite injustice. Le dopage n'est pas un phénomène concernant seulement un sport et seulement une catégorie de sportifs. Cela va trop loin. Bien entendu, il ne faut pas se voiler la face. Il y a des cas à traiter. Il faut écarter les tricheurs. La presse ne peut pas non plus consacrer d'un côté les " dieux vivants " de certains sports et de l'autre tirer au bazooka sur des secteurs trop bien ciblés. Je dois dire que certains exploits ne me font pas vraiment rêver. Mais il y a tellement d'autres magnifiques sujets à traiter en cyclisme que celui du dopage!» (A chacun son défi, 2009, page 150)
2011
A propos d'Alberto Contador, de retour de suspension: «Alberto Contador reste quoi qu'on en dise un grand champion.» (France 3, 06/03/2011)
A propos son abandon sur le Tour de France 1998: «Le soir, à Annecy, les policiers nous séquestrent, nous interrogent pendant trois, quatre heures à l'hôtel, comme des criminels, avec le bus sous scellé. Dans la tête, j'ai débloqué et le lendemain, je pète les plombs et je rentre à la maison. Un vrai ras-le-bol. (...) J'en ai pleuré. J'étais venu pour briller avec le maillot de champion de France et je quitte le Tour en catimini.» (France 3, 06/03/2011)
A propos des soupçons suscités par les défauts de localisation de Jeannie Longo: «Jeannie Longo est certainement l'athlète la plus contrôlée de la planète et depuis de nombreuses années. (...) Je me dis que madame Longo qui a remporté de multiples titres de championne du monde, de France, de Jeux olympiques, mais qu'aurait-elle à prouver aujourd'hui à tricher ? Non moi je n'y crois pas une seconde.» (lequipe.fr - 09/09/2011)
«Quand j'étais coureur, j'ai fait l'objet d'une cinquantaine de contrôles tous les ans: jamais un de positif. Depuis que j'ai arrêté, je continue à faire du sport, c'est rare. Alors mes performances font peut-être râler certains, mais, ce que je dois dire, c'est que je suis très fier d'avoir cette image de cycliste qui a été soumis à de nombreux contrôles et qui vient d'un sport qui lutte contre le dopage. Ce n'est pas le même cas partout. Dans le marathon, je n'ai jamais été contrôlé, dans le triathlon non plus.» (leparisien.f - 28/06/2011)
2012
Après l'annonce par Lance Armstrong qu'il ne se défendrait plus contre les accusations de l'USADA: «On se dit que quelque part la justice existe, ma foi si Armstrong est suspendu de ses titres c'est probablement qu'il y a des raisons pour cela. Je suis désolé, oui forcément, on peut lui en vouloir quand même, ce n'est pas une bonne nouvelle. Ça va bien sûr défrayer la chronique. Armstrong, (...) c'est quelqu'un qui a toujours fait du bien au vélo. Je suis persuadé que c'est un immense champion. Il a rendu ce sport populaire au-delà de l'Europe. (...) Il y avait ceux qui l'adoraient et ceux qui le détestait parce qu'il était arrogant, parce qu'il aimait gagner en écrasant ses adversaires et du coup je pense que cette nouvelle fera plaisir à certains, moi je suis un peu partagé.» (RTL, 24/08/2012, cité par sport24.com)
Le jour de l'annonce par l'UCI de la suspension à vie d'Armstrong: «Quoi qu'il en soit, c'est un immense champion, il avait un talent énorme.» (RTL, 22/10/2012, cité par lequipe.fr)
2013
Lors de son audition par le Sénat: «On s'est fait soigner à l'époque, mais aujourd'hui, je ne pourrais pas dire si c'était complètement illégal ... ou légal (...) Je ne peux pas dire avec fermeté que je n'ai jamais rien pris d'illicite. (...) Chez Once, le soir des étapes, le médecin nous faisait un soin, une récupération, mais on ne savait pas vraiment ce que c'était. Une relation de confiance s'installait avec les docteurs, et on ne posait plus de questions. On était soigné, je n'ai jamais dit le contraire. Mais était-on dopé ? Moi je crois que non ... (...) A aucun moment, je n'ai cherché à rencontrer de quelque manière que ce soit des médecins pour améliorer mes performances. Je n'ai pas dépensé un franc à l'époque pour en voir ou acheter des produits interdits.» (15/05/2013, cité par eurosport)
Après la révélation par L'Equipe de son contrôle positif à l'EPO sur le Tour de France 1998: «Dopé peut-être, à l'insu de mon plein gré, non. Je n'ai jamais participé à une quelconque organisation de dopage. Ça, c'est une certitude. J'ai toujours fait confiance aux gens qui m'entouraient, que ce soit les mécaniciens pour la partie mécanique, les médecins pour la partie médicale ou le staff technique pour tout le reste. Je n'avais aucune raison de penser qu'il fallait être méfiant, que je pouvais être trompé. C'est comme ça que ça fonctionnait, nous étions soignés, c'est vrai. Il était très difficile de savoir, voir impossible, quels étaient les médicaments que l'on pouvait nous administrer, parfois.» (RTL.fr, 15/05/2013)
Cyclisme-Dopage.com
www.cyclisme-dopage.com est la bible du dopage sur le vélo. Site indépendant, passionnant, précis et distancié, il compile statistiques, portraits, lexique et il s'est associé à Antoine Vayer, Frédéric Portoleau et au Dr Jean-Pierre de Mondenard pour concevoir le livre «Tous dopés? la preuve par 21».