Quand mon colocataire geek s’est résolu à faire le «ménage» sur mon MacBook Pro, il y a quelques semaines, ce qui lui a tout de même pris deux journées, il m’a regardé avec pitié en réalisant que j’avais toujours une version de Mozilla Firefox de 2010, et que mon Internet Explorer, que je n’utilisais plus depuis des lustres, était tellement ancien qu’avouer sa version m’exposerait aux moqueries des lecteurs de cette rubrique high-tech.
C’est donc une véritable chance que les responsables de Slate.fr n’aient pas jugé bon de m’appliquer à l’époque la méthode de recrutement que conseille un cabinet américain, Evolv. Selon ces recruteurs, nous apprend The Economist dans un de ces articles qui nous font regretter la société des chasseurs-cueilleurs, vérifier le navigateur qu'utilise un candidat peut permettre d'évaluer sa performance future.
Les candidats qui ont récemment pris la peine d’installer des versions récentes de navigateurs web, tels que Firefox ou Google Chrome, sont plus performants dans leur job et passent une durée supérieure de 15% dans l’entreprise que ceux qui utilisent bêtement la version pré-installée de navigateur fournie avec leur machine. Selon le cabinet, ces employés conscienceux montrent par leur prise d’initiative leur capacité à surmonter le désagrément qu’implique nécessairement toute négociation avec sa machine…
Autre trouvaille plus ou moins décisive pour l’avenir du recrutement assisté par algorithmes, Evolv conseille aux employeurs de se renseigner sur le nombre de réseaux sociaux auxquels le candidat est abonné. Ceux qui n’appartiennent qu’à un à quatre réseaux sont ceux qui restent le plus longtemps en poste… Mais l'utilisation plus intensive de réseaux trop nombreux a en revanche un impact négatif sur la productivité.
Enfin, et de manière moins surprenante, la distance qui vous sépare de votre lieu de travail a un impact sur votre longévité au sein de l’entreprise (plus vous êtes éloigné, moins vous restez longtemps dans l'entreprise).
The Economist s’enthousiasme donc des horizons que laissent entrevoir ces nouvelles méthodes scientifiques de recrutement très «Big Data». Dans quelques années, les lettres-type de candidatures non retenues ressembleront peut-être à cela:
«Vous utilisez Instagram douze fois par jour et vous vous êtes connecté à Facebook 40 fois en huit heures, votre version de Mozilla Firefox est 13.0.1 et vous vivez à 15,32 km de votre lieu de travail. Pour toutes ces raisons, nous regrettons de ne pouvoir donner de suite favorable à votre demande.»