Après sa victoire à la finale du 200 mètres, jeudi 9 août, Usain Bolt a pris sa traditionnelle pose photo, avant de piquer l'appareil d'un photographe professionnel pour prendre quelques clichés de son compatriote argenté Yohan Blake, de la foule en délire et de la masse de journalistes se battant pour les images du meilleur sprinteur du monde.
L'appareil photo appartient à Jimmy Wixtröm, un photographe du tabloïd suédois Aftonbladet. Quand Bolt lui a rendu son appareil, le journal a publié les photographies du coureur sur son site web. Etant donné que Bolt a pris les photos, les Suédois avaient-ils le droit de les publier?
D'après les lois de la propriété intellectuelle qui gouvernent la plupart des pays du monde, y compris le Royaume Uni, la personne qui appuie sur le bouton est la propriétaire de la photographie, sauf si elle a été engagée pour son travail. Ce qui veut dire que techniquement, Wixtröm ne possède pas le copyright des photos d'Usain Bolt, sauf si lui et le sprinter ont négocié et signé un transfert de droits.
Cette technicalité légale veut également dire que les touristes à Londres qui demandent à un passant de prendre une photo d'eux n'auraient pas le copyright de l'image résultante, même s'il est peu probable que leur utilisation de celle-ci soit un jour contestée (d'après le blog de Carolyn E. Wright, avocate photo, dans ce cas précis «on a probablement une licence implicite pour utiliser la photographie pour un usage personnel... Mais probablement pas le droit de postuler avec cette photo à un concours ou de lui donner une licence commerciale»).
Dans l'interview, qui accompagne les photos, Wixtröm qualifie les photos d'amateur d'Usain Bolt de «plutôt pas mal», et explique que ce n'était pas l'idée du coureur de prendre l'appareil, qu'il a dû supplier le sprinteur de le faire.
C'est déjà la troisième fois que le Jamaïcain et le Suédois font ce coup, après le championnat du monde d'athlétisme de 2011, à Daegu, et un entraînement à Rome. Wixtröm admet qu'il a dû enquiquiner Bolt pour que le sprinteur accepte de recommencer, Bolt l'appelant même en plaisantant un «stalker» (harceleur).
Le coureur a ainsi dit à Aftonbladet:
«A chaque fois qu'il me voit il dit, "Usain, prend une photo, Usain, prend une photo!" Alors je lui ai promis.»
Krystal Bonner
Traduit par Cécile Dehesdin