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Les étonnantes origines des JO modernes: Coubertin doit tout aux Anglais

Temps de lecture : 12 min

Pierre de Coubertin n'est pas le seul «père des Jeux olympiques». A partir du XVIIe siècle, les britanniques ont essayé de faire revivre les Jeux antiques à plusieurs reprises.

Gravure du site d’Olympie en Grèce ancienne/Wikimedia Commons
Gravure du site d’Olympie en Grèce ancienne/Wikimedia Commons

Certains patriotes grecs voient peut-être d’un mauvais œil le fait que Londres accueille pour la troisième fois les Jeux olympiques, alors que la mère patrie de l’olympisme ne les a accueillis que deux fois.

D’un certain point de vue, ce ressentiment est compréhensible. Après tout, les Jeux olympiques antiques ont été le plus grand emblème de la culture hellénique durant près de 11 siècles, de 776 av. J.-C. à l’an 393 de notre ère.

Toutefois, on aurait tort de considérer la naissance des Jeux olympiques modernes, en 1896, après une interruption de 1.500 ans, comme l’histoire en noir et blanc d’un rituel dont les Grecs auraient été spoliés. En fait, leur retour au XIXe siècle n’aurait sans doute jamais eu lieu sans les efforts des Britanniques, notamment de quelques représentants excentriques de la haute société victorienne, obnubilés par les sports, les lettres classiques et le physique idéalisé de l’homme dans l’art grec.

Sans les Anglais, point de Jeux modernes

Même dans la Grande-Bretagne de l’antiquité, avant-poste de l’Empire romain de 43 à 410, les activités physiques de style grec n’étaient pas inconnues. Des villes provinciales comme Bath possédaient leurs propres thermes, établissements de bains publics chauffés et équipés de splendides bassins intérieurs et d’une palestre adjacente pour faire de l’exercice comme les Grecs l’appréciaient.

Si les combats de gladiateurs étaient les spectacles les plus appréciés des foules britanniques, des fragments de poteries, de verre et de mosaïques illustrés de divers sports grecs, tels que le lancer du disque, la lutte ou le pugilat, ont été découverts sur place. La course de char, événement clé des Jeux olympiques, était également suivie avec enthousiasme: en 2004, des archéologues ont mis au jour un stade à Colchester datant d’environ 2.000 ans.

Les Jeux olympiques antiques prirent fin au IVe siècle, lorsque ses rituels païens ne furent plus tolérés par les empereurs chrétiens et que l’Empire romain lui-même se disloquait sous le poids des invasions barbares. Le magnifique site d’Olympie, où se déroulaient les Jeux, fut pillé à plusieurs reprises, ses trésors détruits et son emplacement oublié par tous, si ce n’est les paysans de la région.

Il fallut encore un millier d’années pour que, au moment de la Renaissance, les Britanniques se mettent à partager le regain d’intérêt des Européens pour le monde antique. Les sagas antiques furent une bonne source d’inspiration pour Shakespeare et les odes Olympiques de Pindare entourèrent le nom d’Olympie d’un halo talismanique magique.

La première fête Olimpick

C’est à cette époque qu’un avocat exubérant et féru d’histoire, Robert Dover, organisa une fête «Olimpick» sur les collines verdoyantes des Cotswolds. À l’époque, dans les années 1620, les Puritains s’en prenaient aux festivals ruraux traditionnels, qui encourageaient selon eux le jeu, l’ivresse et les comportements obscènes. Les Jeux olympiques de Dover furent organisés comme un acte de défi contre ce mouvement rigoriste.

Chaque année, ils attiraient des milliers de spectateurs de toutes classes sociales qui s’asseyaient sur les collines boueuses proches du village de Chipping Campden pour assister à l’évènement. Un ensemble disparate de «sports» était au programme: lancer de marteau, combat contre des ours, shin kicking (qui consiste à faire tomber son adversaire en lui donnant des coups dans les tibias) et le très violent «fighting with cudgels» (combat de gourdins), qui laissait régulièrement les participants en sang et édentés (rappelant aisni le plus violent des sports de contact grecs, le pancrace).

Tout le festival était marqué par une abondante consommation de bière et un agréable vent de liberté, mais Dover tint à y ajouter un «harpiste homérique» dans l’espoir de rehausser le niveau de l’événement et d’attirer la bourgeoisie. En 1636, un poète anglais salua Dover comme un «Héros de notre temps». Mais ce festival exubérant ne pouvait pas durer. Les Jeux de Cotswold furent annulés en 1642, durant la guerre civile, en raison des combats qui faisaient rage non loin. Dover mourut huit ans plus tard, le cœur brisé.

Notre conception moderne du sport serait née deux siècles plus tard, dans la Grande-Bretagne victorienne. À cette époque, la classe moyenne, en plein essor, réprima les compétitions rurales, brutales et anarchiques en faveur d’activités plus civilisées et organisées autour de règles.

Des professeurs d’école haut de gamme, comme Eton ou Rugby, commencèrent à prôner l’éducation physique comme un bienfait pour la santé, le bien-être psychique, l’esprit d’équipe et une certaine «virilité d’âme». C’est à cette époque que les règles de sports d’équipe tels que le football furent codifiées. D’abord perplexes, Européens et Américains devinrent ensuite admiratifs du culte du sport qui s’était emparé de la société victorienne, celui-ci semblant aller de pair avec l’invincibilité de l’Empire britannique.

Les érudits anglais redécouvrent le site d'Olympie

Cette nouvelle passion pour l’exercice s’accompagnait naturellement d’un intérêt pour la Grèce antique, intérêt qui ne fit que s’accroître tout au long du XIXe siècle.

Il s’était ranimé en 1766, quand un groupe d’érudits anglais de la Society of Dilettanti «redécouvrit» le site de l’antique Olympie et, dans les années 1800, on trouvait à Oxford ou à Cambridge des professeurs imaginatifs qui idéalisaient les anciennes traditions athlétiques et étudiaient les statues et les vases grecques afin de faire revivre des sports comme le lancer du javelot et le lancer du disque, qui n’avaient pas été pratiqués depuis plus d’un millier d’années.

Cette admiration pour l’idéal grec du physique masculin n’était pas purement esthétique. Pour la haute société victorienne, les conversations sur «l’amour grec» d’un homme pour un jeune homme permettaient l’expression des désirs homoérotiques qui étaient, en d’autres circonstances, interdits. Pour citer l’historienne Linda Dowling: «le prestige de la Grèce … était tel qu’invoquer l’Hellénisme pouvait jeter un voile de respectabilité sur un vice ou un crime dont il était jusque là impossible de parler».

Le canular du culte de l'amateurisme

Cet enthousiasme de la société victorienne pour le sport était toutefois biaisé par des principes de classe. Malgré un manque de preuves flagrant, les spécialistes embrassèrent l’idée que les athlètes grecs de l’antiquité étaient tous des «amateurs» qui entraient en compétition sans espoir de récompense, hormis les lauriers.

Ce culte de l’amateurisme, qui fut plus tard officiellement codifié par les organisations comme l’Amateur Athletic Association of England, a depuis été démenti par l’historien David C. Young comme «une sorte de hoax historique», déformant les textes grecs anciens afin de maintenir le sport dans une culture élitiste.

En fait, hormis durant les Jeux olympiques et les trois autres jeux Panhelléniques, les anciens distribuaient des prix matériels aux vainqueurs, qui devenaient instantanément célèbres. Même en ce qui concerne les Jeux olympiques, les récompenses matérielles pour les athlètes étaient énormes une fois qu’ils rentraient dans leur ville natale.

Ces règlements interdisant les Jeux aux professionnels venait commodément en aide au nouveau mouvement qui cherchait à empêcher les classes ouvrières de participer aux plus grandes compétitions, afin que les gentlemen éduqués puissent prouver qu’ils surpassaient les masses tant au niveau physique qu’en esprit et en caractère (c’est du moins ce qu’ils pensaient).

Conformément à ces nouveaux règlements, tout athlète ayant déjà accepté une récompense financière pour s’entraîner ou faire une compétition était disqualifié des rencontres les plus prestigieuses, dorénavant réservées à la jeunesse dorée qui avait les moyens et le temps de s’entraîner.

Les premiers JO de Munch Wenlock dans le Shropshire

Une approche plus démocratique vit le jour en 1850, avec l’organisation par William Penny Brookes –un médecin de campagne anglais passionné de lettres classiques– d’une nouvelle mouture de «Jeux olympiques» dans un village du Shropshire baptisé Much Wenlock. Tenue sur un site entouré de collines verdoyantes, la manifestation était destinée aux gens de la campagne, des commerçants locaux aux fermiers rougeauds, ce qui lui conférait un air pittoresque de fête rurale, avec toutefois plus de sobriété qu’aux olympiades de Dover.

Il est difficile de décrire l’évènement sans évoquer le Monty Python’s Flying Circus tant Brookes semblait apprécier les costumes flamboyants et les rituels colorés. Vêtu d’une cape et coiffé d’un chapeau avec plume, un héraut olympique était par exemple chargé d’annoncer chaque compétition d’un coup de clairon.

L’un des moments clés des Jeux était le «tilting at the ring», sorte de joute médiévale où des cavaliers au galop devaient essayer de transpercer un anneau à l’aide d’une lance. Les autres compétitions mêlaient de manière étonnante «vrais» sports (courses à pied, vélo, tir à l’arc, haies, pentathlon) et jeux amusants («course de grands-mères»).

Les prix allaient des trophées en argent à un paquet de thé d’une livre. En 1860, en hommage à la tradition antique, les Jeux de Much Wenlock inaugurèrent la tradition du couronnement des vainqueurs. Les couronnes étaient généralement apportées par la fille du pasteur local, habillée moins comme une sylphide de l’antiquité que comme une nièce de la reine Victoria dans une robe du dimanche mal coupée.

Les Jeux olympiques de Brookes ont toujours lieu chaque mois de juillet à Shropshire et de nombreux vestiges de l’époque victorienne, dont les uniformes du héraut, sont aujourd’hui exposés au Much Wenlock Museum. Ce furent ces Jeux qui furent à l’origine de nos Jeux olympiques modernes. Car non seulement des imitations virent le jour dans toute la Grande Bretagne, mais Brookes avança également l’idée que les Grecs eux-mêmes devaient faire revivre une version internationale des Jeux olympiques sur leur propre sol.

Lorsqu’il apprit que des Jeux olympiques locaux avaient lieu à Athènes en 1859 grâce au financement d’un riche homme d’affaires du nom d’Evangelos Zappas, il envoya une coupe de Wenlock pour qu’elle soit remise au vainqueur d’une longue course à pied, non sans avoir encouragé le festival grec à prendre de l’ampleur. Brookes suggéra à plusieurs reprises l’idée de Jeux olympiques internationaux au ministre grec à Londres, mais sans succès —les Grecs pensaient qu’il s’agissait d’un projet trop coûteux pour leur nation déjà en difficulté.

Et Coubertin arriva

Cependant, la fascination pour le monde hellénique ne cessa de croître, notamment suite à la découverte des sites de Troyes et Mycènes par le célèbre archéologue Heinrich Schliemann. À partir de 1875, des archéologues allemands commencèrent également à fouiller le site d’Olympie.

Lorsqu’ils découvrirent le complexe, mettant au jour quelque 14.000 objets, parmi lesquels des chefs d’œuvre tels que l’Hermès de Praxitèle, les pages d’Homère et Pindare prirent vie. L’enthousiasme du monde pour les héros de l’antiquité grecque était à son comble.

C’est dans ce contexte passionné qu’apparut le baron Pierre de Coubertin, petit aristocrate français obstiné et plein d’énergie, qui devait être plus tard proclamé «père des Jeux olympiques modernes».

Élevé à l’ombre de la défaite humiliante de la France lors de la guerre franco-allemande de 1870, Coubertin devint un anglophile convaincu (ce qui était alors très à la mode à Paris). Adolescent, il avait été enchanté par le roman Tom Brown’s Schooldays, hymne aux traditions sportives prenant pour cadre la public school de la ville de Rugby. Convaincu que la culture athlétique rigoureuse des Britanniques —qu’il opposait à l’évidente «dégénérescence» physique de la France— était la base du succès de leur empire, Coubertin devint un apôtre de la forme physique.

En 1883, âgé de 20 ans, le solide et souple baron à l’énorme moustache fit un pèlerinage à Rugby pour étudier les méthodes britanniques. Il fit suivre ce voyage par un séjour aux États-Unis en 1889, durant lequel il découvrit de nouveaux sports à spectacle comme le baseball et rencontra Théodore Roosevelt, qui, adolescent, avait soigné sa condition maladive grâce à l’exercice physique et aux activités en extérieur.

Bientôt, Coubertin passait des annonces dans la presse européenne demandant à ce qu’on l’aide à organiser un congrès pour l’éducation physique lors de la prochaine exposition universelle à Paris. Il ne tarda pas à être contacté par William Penny Brookes, infatigable apôtre des Jeux olympiques, qui mérite bien au minimum le titre de «grand-père» des Jeux olympiques modernes.

En 1890, Coubertin accepta l’invitation de Brookes aux Jeux olympiques de Much Wenlock. On ignore ce que se dirent exactement le rude médecin de campagne de 81 ans et le fougueux baron Français de 27 ans, assis au pub local autour d’une tasse de thé et de quelques scones après avoir assisté aux extravagants Jeux du Shropshire. Mais il est clair que Coubertin tomba sous le charme de la manifestation et notamment de tous ses rituels pittoresques.

Le «grand-père» des JO peu à peu oublié

Les historiens ne doutent pas que Brookes évoqua son idée de Jeux olympiques internationaux et que Coubertin, avec l’énergie de sa jeunesse, ses relations, sa fortune et ses talents d’organisateur, se posa comme l’homme de la situation. De retour en France, Coubertin écrivit que Brookes était un vrai pionnier:

« Si les Jeux olympiques que la Grèce moderne n'a pas encore réussi à restaurer existent encore aujourd'hui, ce n'est pas le fait d'un Grec, mais bien du Dr WP Brookes

Dans un autre texte, il s’enthousiasma pour la population de Wenlock qui avait, selon lui, réussi à préserver à elle seule «les vraies traditions olympiques».

Coubertin fit également siennes certaines des vieilles théories élitistes qu’avaient les intellectuels britanniques sur les Jeux de l’antiquité. Son ralliement à la thèse selon laquelle les Grecs étaient des «amateurs» a pesé sur les règles de participation aux Jeux durant des décennies (en 1912, par exemple, l’athlète américain Jim Thorpe, indien issu d’un milieu pauvre, se vit confisquer les médailles qu’il avait brillamment gagnées à Stockholm parce qu’il avait une fois jadis était engagé, moyennant quelques dollars par semaine, dans une équipe de baseball semi-professionnelle; ces médailles ne lui furent restituées par le Comité olympique qu’en 1983, soit 30 ans après sa mort).

Coubertin crut aussi à l’idée romantique selon laquelle la «trêve sacrée» de l’antiquité, durant laquelle la guerre était suspendue le temps des Jeux olympiques, avait été un véritable instrument de paix (en fait, il ne s’agissait que d’une trêve provisoire entre des cités-États constamment en guerre afin de permettre aux athlètes et aux spectateurs de se rendre sans problème à Olympie).

Enfin, le credo souvent répété de Coubertin —«Le plus important aux Jeux olympiques n'est pas de gagner mais de participer, car l'important dans la vie ce n'est point le triomphe mais le combat; l'essentiel, ce n'est pas d'avoir vaincu mais de s'être bien battu.»— aurait été incompréhensible pour les Grecs de l’antiquité, pour qui la victoire représentait tout.

Seulement deux visites à Olympie

Brookes mourut un an avant de voir son rêve de Jeux olympiques internationaux se réaliser, à Athènes en 1896. Au fil du temps, Coubertin, toujours enclin à soigner sa légende, minimisa le rôle de mentor joué par Brookes, histoire de mieux se poser en rénovateur héroïque. Il fit deux voyages, très solennels à Olympie. Le premier eut lieu en 1894, juste après avoir confirmé que les premiers Jeux olympiques d’Athènes auraient lieu deux ans plus tard.

En visitant les ruines, il reconnut dans ce site sacré sa propre arrogance à vouloir ressusciter les Jeux olympiques après une interruption de 1.500 ans (il écrivit être «conscient tout à la fois des résultats déjà obtenus et des aléas terribles qui m’attendaient sur la route à suivre»).

Sa seconde visite eut lieu en 1927, alors que les Jeux olympiques étaient déjà devenus une institution. Il avait été invité par le gouvernement grec à l’inauguration officielle d’une colonne de marbre en son honneur. Il considérait désormais ses efforts avec plus de sobriété, plus de distance, et méditait plus humblement sur ses réalisations. Le mérite, déclara-t-il, implique de surmonter de grands obstacles et il affirma que, ayant été beaucoup aidé, il ne s’attribuait pas de telle victoire.

Avant sa mort, en 1937, il s’arrangea pour que son corps repose auprès de celui de sa femme à Lausanne, en Suisse, mais que son cœur soit envoyé à Olympie, où il est aujourd’hui inhumé, dans sa colonne commémorative. C’était un geste typique de Coubertin, qui le liait à jamais aux Grecs de l’antiquité qui s’ébattaient ici trois millénaires auparavant.

Il va sans dire que le baron français mérite sa place au panthéon de l’olympisme: sans sa passion ni son habileté politique, les Jeux olympiques n’auraient sans doute jamais été possibles et il faut rappeler qu’il a englouti toute la fortune de sa famille dans le projet olympique pour mourir dans une quasi pauvreté.

Mais il ne faut pas non plus oublier que c’est de la campagne britannique que lui est venue son inspiration. Il faudrait peut-être élever un autre monument à deux Britanniques qui ont joué un rôle essentiel dans la création des Jeux olympiques modernes: Robert Dover et William Penny Brookes. On pourrait notamment les représenter sous forme de statues levant leur verre de sherry en hommage aux Grecs.

Cet article est adapté de l’introduction du livre de Tony Perrottet, The Naked Olympics: the True Story of the Ancient Games.

Tony Perrottet

Traduit par Yann Champion

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