Un bureau des plaintes vient d'ouvrir dans la ville de Raqqa au Nord-Est de la Syrie, rapporte The Telegraph. Derrière ce service: al-Qaida, qui a pris le contrôle d'une partie de l'administration civile de la ville.
L'organisation terroriste se dit prête à recevoir les plaintes de la population dans une note signée «Emir de Raqqa»:
«Quiconque qui aurait une plainte contre n'importe lequel des éléments de l'Etat islamique, que ce soit l'Emir ou un soldat, est invité à venir soumettre sa plainte dans n'importe lequel des quartiers généraux de l'Etat islamique, sous condition que sa plainte soit écrite et apporte des détails et des preuves.»
Ce nouvel élément s'ajoute à l'image déjà très bureaucratique d'al-Qaida. Le 28 mai dernier l'agence américaine Associated Press révélait une lettre des pontes d'Aqmi à Mokhtar Belmokhtar, qui a fait scission avec l'organisation en 2012. Un article paru sur Slate racontait alors:
«Cette lettre révèle beaucoup non seulement sur Mokhtar Belmokhtar, mais aussi sur le fonctionnement d'Aqmi, qui ressemble étrangement à celui d'une entreprise: ses responsables doivent écrire des notes de frais mensuelles, et envoient des lettres réprimandant leurs “employés” difficles, comme Mokhtar Belmokhtar.»
A bien des égards, l'organisation d'Aqmi s'apparente à celle d'une entreprise, organisée autour d'une hiérachie, de sources de revenus déterminées et d'une stratégie d'entreprise. C'est aussi le cas d'al-Qaida dans son ensemble, comme l'explique The Telegraph:
«Al-Qaida a depuis longtemps une réputation de bureaucratie, avec les documents récupérés dans la maison où Oussama ben Laden a été tué par les forces américaines qui montraient la nature parfois autoritaire de sa correspondance avec les différentes branches.»
Au moment où ces documents ont été révélés, une journaliste de NPR expliquait l'importance de la traçabilité méticuleuse des dépenses pour l'organisation:
«Depuis ses premiers jours, les chefs d'al-Qaida insistent sur les factures. Si les combattants achetaient une voiture pour une mission, ou même des disques durs ou des lecteurs de disquette pour leurs ordinateurs, on leur demandait de revenir au siège avec une comptabilité précise de tout ce qu'ils avaient dépensé.»