La presse le mentionne régulièrement: «La personne la plus âgée du monde est décédée.» Les mathématiciens, eux, calculent. Après la mort de la doyenne américaine, Elsie Calvert Thompson, en avril dernier, le sujet a interpellé beaucoup de monde: des scientifiques, des démographes et des curieux, désireux de savoir à quelle fréquence le doyen d’un pays, d’un continent ou du monde entier décède et cède sa place.
Afin d’estimer cette fréquence, le portail «mathématiques» du site collaboratif Stackechange a sollicité ses plus fidèles collaborateurs. A l’aide de formules mathématiques alambiquées, un premier contributeur, Chris Taylor, a étudié le taux de mortalité et les registres de décès des Etats-Unis pour les mettre en perspective avec l’évolution de l’âge dans le temps et le nombre d’habitants dans le monde. Voici ce que cela donne aux premiers abords...
N(t,a)=(1−h(a−1))×N(t−1,a−1)
Mais le résultat obtenu —bien plus simple, je vous rassure— est le suivant: en prenant pour référence une population de 7 milliards de personnes avec un taux de mortalité équivalent à celui des Etats-Unis, le doyen de l’humanité décédera tous les 0,66 an, soit presque huit mois.
Toujours sur Stackexchange, un autre contributeur s’est penché sur la question. A l’aide des registres du Groupe de recherche sur la gérontologie qui conserve une trace de la mort des doyens de l’humanité, il a élaboré un calcul pour estimer la fréquence de décès. Et son analyse confirme la précédente estimation puisque il évalue cette fréquence à 0,65 an.
Il précise que son calcul de fréquence moyenne se rapproche en réalité de 1,2 an. Une évaluation faussée par le cas exceptionnel –et record– de Jeanne Calment, doyenne française du monde décédée à l’âge de 122 ans, en août 1997. En réajustant son calcul, il est donc arrivé à une valeur médiane de 0,65. Les autres contributeurs du site qui ont, eux aussi, mené leurs recherches sont tombés sur des résultats similaires.
Ces estimations ne sauraient toutefois être une réponse absolue à la fréquence de décès moyenne des doyens, puisque il est difficile de savoir avec certitude qui est la personne la plus vieille du monde, d’un pays ou d’un continent. En France, comme Slate l’expliquait en 2011, l’Insee détient ses informations mais ne communique pas dessus, invoquant le «secret statistique».