Dwight D. Eisenhower, Franklin Roosevelt et Ronald Reagan avaient en commun une passion insoupçonnée: les trois présidents américains étaient des pom-pom boys, ou cheerleaders en anglais. Bien loin de l'image de la pom-pom girl blonde avec queue de cheval et mini-jupe, passage désormais obligé des séries et films américains, le cheerleading était une affaire d'hommes au début du XXe siècle, rappelle Pacific Standard, photos à l'appui.
Sur les clichés d'époque, rassemblés par le magazine Time, les hommes portent pantalons, pulls et mocassins. Quant aux pom-pom, ils sont remplacés par des mégaphones. Du milieu du XIXe siècle jusqu'à la Première Guerre mondiale, le cheerleading exclusivement masculin était aussi prestigieux que pratiquer le football américain.
Comme un chroniqueur de Nation, repris par Pacific standard, l'écrivait en 1911:
«En termes de promotion dans la vie profesionnelle autant que personnelle, [être cheerleader] arrive juste après avoir été quaterback.»
Ce n'est que dans les années 1930, avec le départ des hommes à la guerre, que les femmes sont invitées à rejoindre les rangs des cheerleaders. A la fin de la guerre, on somme les femmes de reprendre leur place, hors du terrain. Certaines écoles vont jusqu'à bannir les femmes cheerleaders. Un commentateur de l'époque affirme ainsi que celles-ci «sont souvent devenues trop masculines pour leur bien». Et de continuer:
«On constate le développement de voix fortes et rauques (…) et l'usage d'argot et de grossièretés du fait de la fréquentation nécessaire des hommes de l'équipe.»
C'est finalement avec la Seconde Guerre mondiale que les filles s'imposent dans la discipline pour y rester définitivement. Le sport, initialement lié au football américain, se fait une place sur les terrains de basket et gagne en popularité.
L'image des pom-pom girls «mignonnes» devient la norme, décourageant les garçons qui ne souhaitent plus être associés à un sport dont l'image s'est profondément féminisée. Aujourd'hui, 90% des cheerleaders sont des femmes selon le magazine Time, même si les hommes représentent toujours la moitié des effectifs au niveau universitaire. Et le pom-pom a supplanté le mégaphone.