Dans sa quête insatiable vers l’intelligence artificielle, IBM a de nouveau élevé le niveau en s’attaquant à... La cuisine. Son but: doter un ordinateur de créativité, ce qui était jusqu’ici le monopole de la pensée humaine. C'est ce que souligne le journaliste Mark Wilson sur le site Fast CoDesign.
Faire la cuisine, plus dur que de jouer aux échecs
Selon les statistiques, pour réaliser une recette, un chef a le choix entre plusieurs milliards de combinaisons différentes. Et son objectif est bien vague: que ça soit bon.
Une vingtaine d’années après que le super-ordinateur Deep Blue a maîtrisé Kasparov aux échecs, et seulement deux ans après la victoire de Watson à Jeopardy, IBM Research a lancé la mise au point d’un cyberchef. L’intelligence artificielle de cet ordinateur peut mettre au point des plats capables de titiller nos papilles, en fonction de ce qui les fait théoriquement frémir.
Pour le chef de l'équipe de recherche, Lav Varshney, l'entreprise est bien plus complexe que de «simplement» faire jouer un ordinateur aux échecs:
«Cuisiner ce n’est pas comme jouer aux échecs. Un chef doit choisir ses propres ingrédients, non pas pour atteindre un but objectif (mater l’adversaire), mais pour arriver à un mélange complexe et subjectif de goût, de texture et de présentation.»
Créer la créativité
Pour générer une recette, depuis la liste des ingrédients jusqu’au dressage, en passant par la préparation, l’ordinateur croise les données de trois bases.
- Un index de dizaines de milliers de recettes, qui aide l’ordinateur à comprendre, par exemple, ce qui fait qu’une quiche est une quiche.
- Des éléments de psychophysique, qui évaluent si nous aimons tel mélange de saveurs grâce à leurs molécules.
- La chimio-informatique, qui mélange les deux bases de données précédentes. Elle connecte les mélanges de saveurs avec les aliments dans lesquels on peut les trouver.
Lorsqu’il passe en revue ces trois listes, l’ordinateur compose numériquement des plats en évaluant les normes culturelles et notre perception chimique de la nourriture. Ensuite, il les classe en deux catégories. Soit les plats sont goûteux, soit ils sont innovants.
Enrayer l'obésité
Le but de l’équipe de chercheurs: l’innovation. Par ce procédé, ils aspirent même à «changer nos idées préconçues sur la nourriture». Leur ambition à long terme n’est pas d’instituer la domination des ordinateurs sur l’homme, mais plutôt de l’aider. Avec ce robot-chef, IBM aspire à endiguer l’épidémie d’obésité. Leur arme: la création de mets goûteux, bons pour la santé, et personnalisés.
Et selon Lav Varshney, «sur les 20 derniers plats, 17 ou 18 étaient vraiment bons».