Si vous êtes Américain et que vous figurez sur la liste nationale de surveillance du terrorisme, il est un droit que l’on ne pourra pas vous retirer: celui d’acheter une arme. Tant que vous n’êtes pas enregistré comme criminel ou atteint de troubles mentaux, vous pouvez vous rendre sans problème à l’armurerie de votre quartier et vous fournir en armes à feu.
Entre 2004 et 2010, les données du gouvernement révèlent que des personnes surveillées pour terrorisme ont tenté d’acheter des armes ou des explosifs plus de 1.400 fois. Dans 90% des cas, ils y sont parvenus, comme le révèle une enquête de NPR. Une situation qui a le don d’irriter Jon Lowy, avocat de la «Brady Campaign», un groupe luttant pour le contrôle de la circulation des armes.
«Il est absurde d’autoriser des personnes à acheter des Uzis, des AK-47 ou des AR-15 alors qu’on estime qu’ils sont trop dangereux pour avoir accès aux avions, même après un contrôle de sécurité.»
Une affirmation que réfute James Barton, membre de la cellule antiterrorisme à la Maison Blanche sous l’administration Bush. A ses yeux, le port d'arme est garanti par la Constitution américaine et protégé par le Bill of Rights –dans le Deuxième amendement– et il faudrait une raison vraiment justifiée pour en priver n'importe quel citoyen américain. Il estime que de nombreux innocents se sont retrouvés sur cette liste de surveillance du terrorisme: des associés d’affaires ou des colocataires de terroristes suspectés par exemple.
En 2007, le sénateur démocrate Frank Lautenberg a défendu un projet de loi contrôlant la vente d’arme, notamment aux personnes surveillées pour terrorisme. Au terme d’une vérification des antécédents, si le client figurait sur la liste nationale de surveillance, le procureur général pouvait s’opposer à la transaction. Le ministère de la Justice sous l’administration Bush avait soutenu la législation.
Finalement, cette idée a été déposée, en mars, sous forme d’amendement lors du projet de réforme de Barack Obama pour le contrôle de la circulation des armes. Mais la mesure n’est pas encore près de voir le jour: le Sénat américain a rejeté le texte porté par le président américain.
Barack Obama a promis qu’il continuerait de se battre pour renforcer le contrôle du port d’arme en Amérique. «Pour résumer, la journée d’aujourd’hui a été honteuse pour Washington», a conclu Obama après le rejet du texte, le 17 avril 2013. «Mais nos efforts ne s’arrêteront pas là.»