«You don’t win friends with salad.» Les Simpsons ont beau chanter cette phrase à tue-tête aux oreille de Lisa, leur fille végétarienne –au diable les amis– il se pourrait bien qu'arrêter la viande nous ferait courir plus vite. C’est en tout cas ce que suppose la journaliste Ann Shellard sur le The Running blog de The Guardian.
Peut-on vraiment être au maximum de ses capacités physiques sans manger de viande? Oui, répondront sans hésiter les initiés. Mais comment les croire? Grâce à Carl Lewis. L’athlète américain aux 10 médailles olympiques fait partie des élites sportives végétaliennes, comme le répertoriait déjà The Guardian en 2012 (des soupçons de dopage planent tout de même au-dessus du sportif).
Végétarienne depuis des années, Ann Shellard a fini par passer le pas du végétalisme. De zéro viande, elle est passée à aucun produit animal (œufs, laits, graisses ou gélatines animales...). Puis elle a observé les changements, avec en ligne de mire, deux marathons en mai et juin.
Ce qu’on sait sur ce régime
Les résultats scientifiques ne sont pas tous probants. Mais une chose est sûre, les sociétés qui consomment beaucoup de protéines animales s’exposent à des risques plus importants cancers. C’est ce que constate l’International Agency for Research on Cancer dans ses rapports. Il s’agit de l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Australie. Les régions les moins exposées aux cancers, elles, sont l’Asie et le nord de l’Afrique.
De son côté, l’American Journal of Clinical Nutrition soutient que «beaucoup de gens mangent trop de produits animaux –comme la viande, le fromage, les œufs et le beurre– mais aussi d’aliments raffinés comme les graines et le sucre». La publication conclut qu’un régime plus axé sur les graines entières, les légumineuses, les fruits, les légumes et beaucoup moins de viande serait plus sain. Jusque-là, rien qui n’échappe au bon sens.
Quid des vrais coureurs
Le coureur de l’extrême et végétalien Scott Jurek a récemment publié son autobiographie Eat & Run. Il y explique comment il est devenu végétarien, puis végétalien, pas pour l’éthique, mais pour courir plus vite. Selon lui, ça a payé:
«J’ai remporté le Minnesota Voyageur à ma troisième participation. Je mangeais alors plus de végétaux et moins de viande. Je n’ai pas couru plus vite. Et j’avais raison: je ne pouvais pas courir plus vite. Mais j’avais compris quelque chose d’important. Je pouvais courir plus intelligemment. Et je pouvais manger plus intelligemment.»
Il est loin d’être le seul. Le site Great Vegan Athletes les répertorie tous. Parmi eux, les marathoniens Fiona Oakes, Sally Eastall ou Jack Maitland. Une ombre au tableau toutefois. Comme le remarque Ann Shellard, plusieurs nutritionnistes qui ont jeté un œil au livre de Scott Jurek ont constaté que son alimentation avant le tournant végétalien était assez désastreuse. Un changement, quel qu’il soit, était nécessaire.
L’enjeu pour les coureurs serait davantage de faire attention à ce qu’ils mangent et d'écouter leur corps afin d’adapter leur bol alimentaire, et atteindre des chronos meilleurs. Quant à Ann Shellard, le résultat de sa petite expérience est en demi-teinte. Difficile pour elle de respecter un régime végétalien stricte, elle a dû renoncer à quelques dîners entre amis, et n’a finalement pas tenu la barre à 100%. D’un autre côté, elle s’est effectivement mise à courir plus vite! Moins de difficultés, un meilleur sommeil, et son énergie était au moins équivalente à avant.
Sa résolution: ne pas bannir entièrement les laitages de son alimentation, mais ne pas chercher non plus les nutriments essentiels dans les produits animaliers si elle peut les trouver dans les noix, les légumineuses ou les graines.
Pour les curieux, le site Runners s’est penché sur la question… Mais de là à courir pieds nus, libre et végétarien... Pas sûr.