Les médias chinois n’ont toujours pas amélioré leur technique Photoshop. Il y a deux ans, un journal local publiait l’image, désormais célèbre sur le Net, de trois fonctionnaires en train de léviter accidentellement dans la province de Huili. Le site et les fonctionnaires avaient dû s'excuser, expliquant que cette aberration photographique était l’oeuvre d’un photographe trop zélé, qui estimait qu’aucun de ses clichés ne rendait sa «vérité» à la scène.
Rebelote en décembre dernier, quand l’agence de presse Xinhua a publié puis supprimé d’un diaporama une photo clairement retouchée du Premier ministre Li Keqiang se promenant dans un quartier défavorisé pour illustrer un article le décrivant comme «un homme du peuple.»
Cette fois-ci, c’est le Neijiang Daily qui a publié une image où certaines personnes entourant le secrétaire du Parti communiste ont été effacées… mais pas leur ombre, comme le raconte le Shangaiist.
Pourquoi les journalistes chinois s’obsèdent-ils à faire des retouches de bas étage? The Atlantic s'attaque à la question.
Le magazine souligne d’abord que le fonds de commerce de la presse locale chinoise, ce sont les photos de fonctionnaires, puisqu’«il ne se passe pas grand-chose au fin fond du Sichuan –du moins parmi les événements que les journalistes ont le droit de couvrir».
Deuxième tentative d’explication: en Chine, les médias (et le gouvernement) ne se sont pas tout à fait habitués à l’idée que les lecteurs reçoivent les informations de manière critique et vérifient les sources journalistiques. Un petit coup de Photoshop ne paraît pas si grave quand on pense qu’il passera inaperçu. Dommage.
Nous avons consacré un long article à la façon dont la Corée du Nord utilise la retouche photo dans sa propagande. Grâce au logiciel d'analyse approfondie exclusif Tungstène –réservé d'ordinaire aux ministères français de la Défense et de l’Intérieur– on peut vérifier que les photos distribuées par l'agence officielle nord-coréenne KCNA à l'AFP ou Reuters sont quasi-systématiquement modifiées.