«Offshore Leaks», affaire Cahuzac... A l’heure du triomphe de l’information révélée, on commençait à se demander où était passé Wikileaks. Depuis octobre 2012 et les «Syria files», plus aucun signe de l’association –ou presque, Julian Assange ayant déclaré sa candidature aux sénatoriales australiennes. Pourtant, loin des regards, Wikileaks a continué de faire le boulot: le site The Verge annonce la publication, ce 8 avril, des «Kissinger Cables», la plus grosse somme d’informations jamais révélée par le groupe.
1,7 million de câbles diplomatiques américains, qui s’échelonnent de 1973 à 1976, et dont 200.000 concernent l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, pour un total de 700 millions de mots. Et comme WikiLeaks aime faciliter la tâche de ses lecteurs, le site lance parallèlement la plate-forme «Plus D», un moteur de recherche qui englobe à la fois les «Kissinger cables» et les fuites du «Cablegate», révélées en novembre 2010. En tout, ce sont plus de 2 millions de document portant sur la stratégie diplomatique américaine qui sont désormais accessibles par date, mot-clé ou niveau de confidentialité, voire visualisables sous forme d’animations, qui nous apprennent, entre autres, que 33.000 rapports parmi les «Kissinger cables» concernent directement la France.
Ceci n’est pas une fuite
Cette fois-ci, pourtant, il ne s’agit pas de véritable «fuites»: les «Kissinger cables» étaient en effet déclassifiés et conservés aux Archives Nationales américaines (NARA), bien que perdus dans d’obscurs dédales administratifs, d’où un immense travail de recherche et de classement (un peu à l'image du travail effectué pour Slate par Damien Spleeters en 2011 sur les «Chiquita Papers», montrant comment une entreprise américaine avait financé les paramilitaires colombiens). Et cette fois-ci, rien d’illégal en vue.
Pour le moment, aucune information particulièrement sensible n’a été révélée, alors que les documents contiennent, selon Wikileaks, «des révélations signifiantes au sujet de l’implication des Etats-Unis dans certaines dictatures fascistes, notamment en Amérique Latine, dans l’Espagne franquiste (et notamment par rapport à la famille royale) et dans la Grèce des Colonels». La belle semaine de l'investigation se poursuit.