«Les pirates n'ont pas le temps de raconter des histoires à des mecs blancs pour de l'argent.» Comme Adan et beaucoup d'autres, Bashir prétend être un pirate somalien. Dans une interview accordée à la chaîne Channel 4, Adan et Bashir racontent la manière dont ils trompent les journalistes pour de l'argent.
Les pirates somaliens écument les côtes est africaines. En 2011, ils ont récolté un montant total de 100 millions d'euros, rappelait en août 2012 Slate Afrique. Des centaines de personnes ont été kidnappées, comme ces vingt-deux membres d'un équipage torturés pendant trois ans avant d'être libérés en décembre 2012, rapportait Euronews.
Adan vit à Eastleight, une banlieue de Nairobi, au Kenya, raconte Channel 4. En plus de son travail dans un restaurant, ce Kényan prétend être un pirate somalien et vend ses interviews à des journalistes du monde entier. En moyenne, l'arnaque lui rapporte 200 dollars par jour (environ 150 euros).
«Nous prétendons être des pirates parce que nous sommes talentueux, explique Adan à Channel 4. Des journalistes viennent voir le patron et lui demandent des pirates. Il vient ensuite nous voir et dit que des hommes blancs ont besoin de pirates. Alors il nous demande de prétendre être des pirates.»
Channel 4 décrit l'arnaque: un complice propose aux journalistes étrangers une opportunité de rencontrer de véritables pirates. Il prétend ensuite avoir des difficultés à les approcher, fait patienter les journalistes pendant plusieurs jours. En plus de rendre la situation plus crédible pour des étrangers, ce stratagème permet aux arnaqueurs d'accumuler davantage d'argent, précise Channel 4. Plus les hommes travaillent longtemps, plus leur prix est élevé.
Adan est nouveau dans le business. Ce n'est pas le cas de Bashir (le prénom a été changé). Originaire du nord-est du Kenya, une province où vivent plus de deux millions de Somaliens, il est déjà apparu en 2010 dans un documentaire danois et dans le Times. Si les Danois ont considéré que le faux témoignage de Bashir, un parmi de nombreux autres, n'entachait pas la crédibilité du documentaire, le Times n'a fait aucun commentaire. L'article est toujours en ligne, précise Channel 4.
Pour Bashir, prétendre être un pirate revient à jouer dans un film.
«C'est ce que les hommes blancs veulent et nous somme payés. Nous jouons la comédie et le film a l'air vrai. Que vous l’acceptiez ou non, il n'y a pas de pirates ici.»