C'est ce que laisse à penser une étude commanditée par Greenpeace sur la pollution causée par les centrales thermiques au charbon en Allemagne, dont l'hebdomadaire Der Spiegel rapporte les principales observations. L'étude se base sur l'activité des 67 plus grosses centrales au charbon d'Allemagne en 2010, soit un an avant que le gouvernement annonce la sortie du nucléaire, en réaction à la catastrophe de Fukushima.
Elle estime que cette année-là, 3.100 personnes sont décédées de façon prématurée à cause des émissions de CO2 et de la fine poussière de métaux empoisonnés générées par les centrales au charbon, qui provoquent maladies respiratoires, cancers du poumon et infarctus du myocarde.
Pour remplacer les huit réacteurs nucléaires sur dix-sept fermés en 2011, les 140 centrales au charbon que compte l'Allemagne tournent désormais à plein régime. Les chercheurs estiment donc qu'il faut désormais ajouter «155 décès prématurés par an» en tenant compte de cette évolution.
D'après les statistiques recueillies par l'AG Energiebilanzen, un groupe de travail spécialiste du secteur de l'énergie, la production des centrales à charbon a bondi de 41,8% à 44,8% entre 2010 et 2012 en Allemagne, tandis que la part d'énergie nucléaire plongeait de 22,4% à 16,1% dans le même temps.
Des conséquences sanitaires lourdes à l'échelle de l'Europe: d'après une autre étude citée par Der Spiegel, la pollution liée à la combustion du charbon (lignite, houille) coûterait chaque année 43 milliards d'euros de dépenses de santé à l'Union européenne.
La région de Berlin-Brandenbourg est l'une des plus durement touchées par la pollution générée par les centrales au charbon, explique le quotidien Der Tagesspiegel, car en plus de posséder trois centrales à charbon, elle est exposée aux émissions de celles qui se trouvent en Pologne et dans la Saxe voisines, qui sont «transportées par le vent sur des kilomètres». Chaque année, selon l'étude de Greenpeace, ces émissions seraient responsables de 640 décès prématurés.