Li Keqiang, le nouveau Premier ministre chinois entré en fonction le 15 mars, veut réduire le poids dans l’Etat dans l'économie pour tenter de relancer la croissance, relate le Telegraph.
Pour cela, il a promis lors d'une conférence de presse de réduire le pouvoir des bureaucrates, contenir les dépenses du gouvernement et donner un champ plus large aux entreprises privées. Un pas symbolique pour le pays qui fonctionne sous le modèle de l'«économie socialiste de marché», caractérisée par une combinaison entre libéralisme et gestion étatique autoritaire.
Pour réduire le poids de l'Etat dans l'économie et dans la société, il prévoit de supprimer dans les cinq ans l'autorisation préalable du gouvernement central pour un tiers de 1.700 procédures afin de limiter les risques de corruption. Pékin voudrait également favoriser l’entrée des capitaux privés dans les secteurs ferroviaires, financiers et de l’énergie.
Le nouveau Premier ministre veut également agir sur le train de vie de l'Etat en imposant de ne plus utiliser les fonds publics pour la construction de nouveaux bureaux, halls ou maisons d'invités, et de réduire les dépenses pour les voyages officiels, l'accueil des visiteurs, ou les véhicules. La bureaucratie chinoise devra également subir une cure d'amaigrissement.
Selon le Financial Times, les dépenses du gouvernement chinois dans les contrats et marchés publics ont augmenté de plus de 125 milliards d’euros environ entre 2002 et 2011. Les entreprises nationales ou mondiales pourraient voir leurs ventes baisser à cause des nouvelles mesures. Mais l'ouverture et la lutte contre la corruption et la bureaucratie devraient créer un climat favorable aux affaires.
Li Keqiang est conscient de l'ampleur des changements qu'il préconise:
«La réforme vise à maîtriser le pouvoir du gouvernement, c’est une révolution auto-imposée. Cela va demander un vrai sacrifice et cela va être douloureux. [...] Mais […] nous n’avons pas d’autre option, c’est le destin et le futur de notre nation qui sont en jeu.»
Le climat économique se complique en effet pour la Chine. The Telegraph rappelle que l’année dernière, son PIB a été de 7,8%, soit sa croissance la plus basse depuis 13 ans. Les priorités du Premier ministre sont de «maintenir une croissance économique stable, éviter l’inflation et contrôler les risques latents».
La volonté réformatrice risque tout de même de se heurter à la puissante bureaucratie et aux membres les plus conservateurs du Parti communiste. Li Keqiang a lui-même déclaré qu' «il est plus difficile de s’attaquer aux intérêts personnels que de toucher l’âme d’une personne».