Depuis le jour où un homme armé est entré dans l'école élémentaire Sandy Hook à Newtown et a tué 26 personnes, dont 20 enfants, le 14 décembre 2012, la petite ville du Connecticut est inondée de lettres qui viennent des Etats-Unis et du monde entier.
Les responsables locaux se sont retrouvés avec près de 500.000 lettres, cartes, dessins, peluches... sans savoir qu'en faire. Ils essayent de trouver un équilibre entre le respect et le sens pratique, le besoin de se souvenir et le besoin d'avancer, analyse le New York Times. Les familles des victimes et les employés de l'école ont le droit de prendre les dons qu'ils souhaitent, suivis du reste de la communauté de l'école maternelle, puis des habitants de la ville.
Pour le reste, la ville étant à court de place (dans la vidéo ci-dessous, on peut voir un hangar rempli de cartons eux-même remplis de d'objets donnés), la plupart devrait être détruite, et peut-être intégrée dans le ciment d'un monument qui commémore la tragédie.
Les responsables expliquent ne pas pouvoir conserver de façon permanente et appropriée les lettres.
Des habitants de la ville ont décidé d'essayer de créer des archives numériques de tous ces témoignages de soutien et d'affection, comme l'explique Ross MacDonald, qui dit vouloir que les gens «continuent d'en parler». Parce que même si le reste des Etats-Unis et du monde passe à autre chose, la ville de Newtown, elle, est toujours sous le choc.
Avec l'aide du site d'information Mother Jones et de la plateforme de micro-blogging Tumblr, Ross MacDonald a créé LetterstoNewtown.tumblr.com, («Lettres pour Newtown»), pour préserver les lettres, dans l'espoir –entre autres– qu'elles empêchent qu'un tel évènement se reproduise:
«Ma mission n'est pas de faire que les gens se sentent mal, ou de les rendre tristes tout le temps, mais je pense qu'il y a un danger qu'une partie de ce choc et de cette horreur finisse par être oubliée.»
Letters to Newtown n'a pour l'instant que deux pages de billets, mais va être rempli progressivement. On y trouve des lettres de communautés religieuses et des lettres d'enfants, dont la plus émouvante est sans aucun doute celle où une petite fille –dont la ville a vécu une tuerie l'année précédente– propose d'être à l'écoute des survivants s'ils veulent parler de la tragédie:
«Si ça peut vous aider, vous pouvez m'envoyer autant de lettres que vous le voulez, si vous avez besoin de quelqu'un à qui parler, de quelqu'un pour vous réconforter, en ces temps si horribles. Je suis là pour vous.»