Monde

L'histoire incroyable des Lykov, famille russe qui a vécu 40 ans totalement coupée du monde au fond de la Sibérie

Temps de lecture : 2 min

Karp, le père de la famille Lykov et sa fille Agafia, photographiés par les géologues. Via Smithsonian Mag
Karp, le père de la famille Lykov et sa fille Agafia, photographiés par les géologues. Via Smithsonian Mag

Le site du Smithsonian Institute relate l’histoire incroyable, et peu connue en dehors de la Russie, d’une famille de six personnes qui a vécu coupée du monde dans la taïga de Sibérie, avant d’être «découverte» par hasard par une équipe de géologues en 1978.

«Des étendues infinies de pins désordonnés et de forêts de bouleaux, parsemées d’ours assoupis et de loups affamés, des montagnes abruptes, des rivières qui se déversent en torrents dans les vallées, une centaine de milliers de tourbières...»

Ainsi le site décrit-il le paysage hostile et désertique où se déroule l’histoire, et qui s’étend des régions arctiques russes à la Mongolie au sud, et de l’Oural au Pacifique. Un petit millier de personnes y vivent si on excepte la population des quelques villes du secteur.

En 1978, une équipe à la recherche de minerai de fer dans le secteur d'Abakan (Khakassie, au nord de la Mongolie) aperçoit depuis son hélicoptère ce qui ressemble à un jardin et à une cabane: or l’endroit se trouve à 240 km du premier lieu habité connu des autorités.

Des géologues entreprennent un voyage de reconnaissance à pied, et tombent, surpris, sur un vieil homme barbu et pieds nus, le père de la famille Lykov... Membre d’une secte orthodoxe persécutée par le régime tsariste et, plus tard, par les Bolcheviks, Lykov s’était réfugié en Sibérie comme ses coreligionnaires. Sa femme et leurs deux premiers enfants s'étaient installés dans cette forêt en 1936. Deux autres enfants naîtront plus tard: ces deux plus jeunes n’avaient donc jamais vu un être humain extérieur à la famille avant l'équipe de géologues.

Via Smithsonian Mag

Les Lykov avaient apporté avec eux un rouet et quelques bouilloires pour tout ustensile. Une fois le métal rouillé, ils avaient remplacé ces bouilloires par des plats faits en écorce de bouleau, rendant difficile la cuisson des aliments. Leur régime de base était constitué d’un petit pâté de pommes de terre avec du seigle et des graines de chanvre et ce n’est qu’à la fin des années 1950, une fois le fils Dmitri adulte, que les Likov chassèrent –à mains nues– quelques animaux.

Au printemps 1981, trois des quatres enfants moururent à quelques jours d’intervalle, rejoignant leur mère décédée depuis 1961. Deux d’entre eux souffraient d’insuffisance rénale et le plus âgé, Dmitri, succomba à une pneumonie qui aurait pu se développer au contact des étrangers.

Aux dernières nouvelles Agafia, 71 ans, vit seule dans une maison plus moderne mais toujours dans la taïga. En 2010, elle a offert un cadeau fait à la main au président Medvedev (de l'écorce de bouleau...)

En 2010, Slate consacrait un article à «l'homme le plus seul de la planète», dans la partie brésilienne de l'Amazonie:

«Cet homme est un Indien dont les autorités brésiliennes ont conclu qu'il était le dernier survivant d'une tribu qui n'a jamais eu le moindre contact avec le monde extérieur. Ils ont pris connaissance de l'existence de cet homme il y a une quinzaine d'années, et ont lancé pendant dix ans de nombreuses expéditions à sa recherche, afin d'assurer sa sécurité et établir un contact pacifique.»

Aujourd'hui, cet homme solitaire est protégé des appétits des industriels du bois par les autorités qui ont déclaré propriété privée les 50 km2 qui entourent sa hutte. Mais il n'a toujours pas établi de contact pacifique avec les autorités.

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