On sait l'étendue des données que récolte Facebook sur ses utilisateurs. C'est une des choses qui lui est régulièrement reprochée à chaque modification de ses conditions d'utilisation, mais ces données pourraient également servir à empêcher des suicides, ou en tout cas à mieux repérer des signes les précédant.
The Verge rapporte ainsi que des chercheurs qui étudient le suicide espèrent qu'analyser les interactions sur Facebook d'utilisateurs qui se sont tués pourraient les y aider. Le réseau social vient de nouer un partenariat avec une organisation non gouvernementale dédiée à la prévention du suicide, Save.
Dan Reidenberg, directeur de Save, explique à Bloomberg que les données seront réunies d'ici un an, et qu'il pense qu'elles pourraient aider les amis, les familles et des réseaux sociaux à repérer des mots et des actions qui précèdent le suicide:
«Les amis ne posent parfois pas des questions importantes par peur d'être trop intrusifs. Si on peut voir ce qui se passe, on peut former des gens à le rechercher.»
Bloomberg note que –dans sa version américaine– Google fait remonter automatiquement le numéro de téléphone d'un numéro vert de prévention du suicide quand des personnes cherchent le terme «suicide» ou d'autres mots liés (mais pas quand on cherche sur la version française du moteur). Twitter ne fait pas de recherche sur le sujet, mais un groupe extérieur pourrait mener une étude en utilisant ses données, a précisé l'entreprise à Bloomberg.
Le projet de Save avec Facebook se concentre sur une vingtaine de personnes qui se sont tuées dans un comté du Minnesota. D'après Dan Reidenberg, les médecins savent que quand les gens envisagent de mettre fin à leurs jours, ils adoptent certains comportements, comme parler et écrire sur le suicide en général, chercher des conseils sur des façons de mourir, dire qu'ils se sentent piégés ou qu'ils ont l'impression d'être un poids pour les autres, etc.
L'idée derrière l'étude des données de ces vingt utilisateurs est de permettre aux enquêteurs de chercher ces éléments de langage sans avoir à se reposer sur les souvenirs d'amis, par exemple, explique-t-il. Et de pouvoir à terme former des travailleurs du secteur psychiatrique ou technologique.
Comme le note The Verge, ce partenariat a un petit goût de Big Brother, même s'il est pour une bonne cause. D'autant qu'on ne sait pas si Facebook compte donner davantage de données à Save à l'avenir, ou si le site a demandé la permission aux familles des victimes.