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La vie de Jyoti Singh, la victime du viol collectif en Inde

Temps de lecture : 2 min

Une étudiante prie durant une veillée pour la jeune femme violée et assassinée à New Delhi. REUTERS/Amit Dave
Une étudiante prie durant une veillée pour la jeune femme violée et assassinée à New Delhi. REUTERS/Amit Dave

Le 16 décembre 2012, le viol collectif d'une jeune femme à New Delhi choque l'Inde, puis le monde entier. Le Wall Street Journal revient sur la vie de la jeune victime âgée de 23 ans et retrace sa journée.

Depuis le 5 janvier, on connaît son nom: Jyoti Singh. Après la mort de sa fille et en dépit des lois indiennes, son père a tenu à ce que son nom soit connu des média, relate the Mirror:

«Je suis fier d'elle. Révéler son nom donnera du courage aux autres femmes qui ont survécu à des attaques de cette sorte. Ma fille leur donnera du courage.»

Le Wall Street Journal raconte que la famille de Jyoti Singh est originaire de Balia dans l'Etat de Uttar Pradesh, au nord de l'Inde. Dans les année 1980, dans l'espoir d'une vie meilleure, elle déménage dans le quartier de Mahavir Enclave à New Delhi. Son père, Badri Singh, 53 ans, est bagagiste dans un aéroport et gagne environ 130 dollars par mois.

Jyoti était une jeune femme curieuse, passionnée par la mode et la lecture. Elle rêvait d'être la première de sa famille d'agriculteurs à faire carrière, précise le Wall Street Journal. L'ami qui l'accompagnait lors du drame, un ingénieur de 28 ans se souvient de ce qu'elle disait:

«Je veux construire une grande maison, acheter une voiture et vivre et travailler à l'étranger.»

Elle commence des études de kinésithérapie à l'institut paramédical de Sai, dans la ville de Dehradun, au nord de l'Inde. Pour payer ses études, elle travaille la nuit dans un centre de sous-traitance des appels. Une de ses colocataires explique qu'elle ne dort que deux heures par nuit. En tout, Jyoti dépense près de 3.300 dollars en frais de scolarité, une grosse somme en Inde.

Jyoti et son ami, il n'est pas son petit ami, se sont rencontrés il y a quelques années au Select Citywalk, un centre commercial à la mode. C'est là qu'ils se donnent rendez-vous le jour de l'agression, dans l'après-midi, avant de se rendre au cinéma voir L'Odyssée de Pi, le film de Ang Lee. «Elle a adoré», raconte son ami.

Pendant ce temps, six hommes âgés de 17 ans à 35 ans boivent ensemble lors d'une petite fête. L'un d'eux est le chauffeur d'un bus privé.

Le film terminé, Jyoti et son ami empruntent un pousse-pousse jusqu'à Munirka, au sud de New Delhi. Là, ils se mettent à la recherche d'un bus pour rentrer chez eux.

Les six hommes, partis en promenade avec le bus, un véhicule aux vitres teintées, croisent leur route. Les deux jeunes gens, persuadés d'emprunter un transport public, embarquent. Ils ne sont pas les premiers passagers à monter dans ce bus: une heure auparavant, un charpentier s'est fait dérober 8.000 roupies par les six hommes, écrit le site NDTV, avant d'être abandonné au bord d'une route.

Un des hommes commence alors à lancer des remarques obscènes à Jyoti, explique son ami au Wall Street Journal. Lorsqu'il cherche à intervenir, il est battu avec une barre de fer rouillée et tombe inconscient.

Le reste est raconté par la police.

La jeune femme est traînée au fond du bus où elle est déshabillée, battue et violée pendant une heure. Les deux jeunes gens sont ensuite jetés nus sur la route. Le bus fait alors demi-tour et tente d'écraser Jyoti. Son ami parvient à la mettre hors d'atteinte.

Il tente alors d'attirer l'attention des voitures qui empruntent cette route de Vasant Vihar. Ce n'est qu'au bout de 20 minutes qu'un homme s'arrête et appelle la police.

Jyoti, très gravement blessée, est transportée dans un hôpital de Singapour. Elle souffre de nombreuses blessures à la tête, à l'abdomen et aux intestins. Elle décède le 28 décembre 2012.

La mort de Jyoti Singh a provoqué une grande émotion et une vague de manifestations en Inde. Les réactions des politiques ont été nombreuses. Une aide financière et même une offre d'emploi ont été proposées à sa famille, rapporte le Daily News India.

Les six auteurs de l’agression ont été arrêtés. Ils sont jugés pour meurtre, tentative de meurtre, viol collectif, enlèvement, vol et dissimulation de preuves. Le mineur de 17 ans sera jugé par un tribunal pour mineur.

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