Un coffret de raretés de Bob Dylan vient de sortir en Europe. Une bonne nouvelle pour les fans? Pas vraiment: intitulé The 50th Anniversary Collection. The Copyright Extension, Vol. 1 (sic), cet album pressé à seulement une centaine d’exemplaires a uniquement pour but pour le label du musicien, Sony, de prolonger un copyright sur les enregistrements en question.
En cause, comme l’explique notamment le New York Times, la nouvelle directive européenne qui prolonge le copyright sur les enregistrements musicaux –pas le travail de l’auteur-compositeur, qui est lui protégé plus longtemps– de 50 à 70 ans.
Mais cette prolongation ne vaut que pour les œuvres qui ont été commercialisées avant la fin du délai initial de 50 ans. Le site The Atlantic Wire cite à cet effet celui de la Commission européenne, qui précise que les artistes peuvent récupérer les droits sur les enregistrements «si le producteur ne les commercialise pas pendant la période qui va être allongée».
Sur ce coffret, commercialisé par Sony, explique le New York Times, «dans seulement une poignée de magasins en Allemagne, France, Suède et Grande-Bretagne juste après Noël», les fans trouveront donc 86 prises de studio datant de l’enregistrement de The Freewheelin’ Bob Dylan et des extraits de concerts de 1962 et 1963 jusqu’ici inédits. Et qui se retrouvent donc protégés jusqu’en 2033-2034, la protection courant jusqu’au 1er janvier après le délai de 70 ans...
Une source au sein de Sony a expliqué à Rolling Stone la logique de l’opération:
«Ce n’est pas une manigance pour gagner de l’argent. […] Tout l’intérêt de placer ces choses sous copyright est que nous avons l’intention d’en faire quelque chose à un moment dans le futur. Mais ce n’était pas le bon moment pour le faire juste après la sortie de Tempest.»
Dans l’affaire, le label sort grand gagnant, comme le relève Numerama dans un commentaire acide: cette astuce «assure […] à Sony la possibilité de continuer à exploiter (ou plutôt ne pas exploiter) seule des enregistrements vieux d'un demi-siècle, qu'elle n'avait jamais jugé utile de rendre publics».
Le principal perdant est le fan américain, puisque le disque n’est pas commercialisé chez lui et que la vente de sa version numérique est réservée aux fans connectés depuis la France ou l’Allemagne. Plusieurs exemplaires sont d’ailleurs en vente sur eBay, et l’un d’entre eux est déjà parti à près de 1.500 dollars.