La Corée du Nord vient de fabriquer le premier jeu vidéo de son histoire. Enfin, façon de parler.
Le jeu par navigateur Pyongyang Racer est trop old-school pour plaire aux gamers, mais il n’est pas non plus exactement en mesure de rivaliser avec Call of Duty: Black Ops 2. Réalisé par une entreprise informatique basée en Corée du Nord et une agence de voyage britannique qui organise des visites du pays, le jeu est un coup marketing pur et dur. Il ne m’a pas vraiment donné envie de visiter la Corée du Nord dans un futur proche, mais le Web s’en donne à cœur joie avec le jeu de course virtuelle, peut-être parce que c’est la seule occasion que beaucoup auront de conduire dans les rues quasi-désertes de Corés du Nord.
L’utilisation de jeux vidéo sur Internet pour faire du marketing n’a rien de nouveau, et peut même parfois marcher. «Dikembe Mutumbo’s 4 ½ Weeks to Save the World», un jeu de la marque Old Spice dans lequel il faut sauver le monde de l’apocalypse Maya, est plutôt amusant à jouer.
Au contraire, Pynogyang Race est tout simplement déprimant. L’un des rares objectifs est de ramasser des barils de pétrole, pour pouvoir continuer à avancer. Etant donnés le taux de pauvreté en Corée du Nord et les terribles camps de prisonniers où croupissent jusqu’à 200.000 personnes, j’ai ressenti de la culpabilité d’occidental en conduisant à la recherche de pétrole.
Surtout, il n’y a absolument personne dans le jeu, que cela soit dans les rues ou dans les quelques voitures qu’il faut éviter. Les voitures sont abandonnées au milieu de la route, peut-être parce qu’elles sont arrivées à court de pétrole. Ajoutez à cela la musique numérisée qui sonne comme de la propagande, et vous obtenez un jeu tout au moins inquiétant, même si les apparitions occasionnelles d’agentes de la circulation nord-coréennes égayent un peu l’ambiance.
En mettant tout cette étrangeté de côté, les internautes, qui sont obsédés par la Corée du Nord à cause de son isolement et de ses bizarreries, semblent ne plus pouvoir lâcher le jeu. Le site est inaccessible la plupart du temps, et m’a même planté au milieu d’une partie. Je n’ai pas encore pu finir ma visite virtuelle de Pyongyang, et c’est peut-être mieux comme ça.
Traduit par G.F.