Dans son blog spécialisé sur la Renaissance, Jill Burke, auteure et spécialiste de la Renaissance italienne se penche sur les usages en beauté au XVIe siècle. D'après elle, l'épilation ne daterait pas du XXe siècle et de la societé de consommation:
«L’argument selon lequel il y aurait eu une ère prémoderne du “tout est permis” en termes de normes des corps est un lieu commun.»
Jill Burke se réfère au travail de Lennard Davis, sur le corps handicapé et sur ce qu'il appelle la «normalité imposée» qui prétend qu'avant le XIXe siècle, les femmes (pensez aux Vénus) étaient représentées avec «un corps poétique et mythique relié à celui des dieux» et qu'ainsi «il n’y avait aucune exigence pour les populations à se conformer à un idéal».
En France, en 2010, dans son livre Défense du poil, contre la dictature de l’épilation intime, Stéphane Rose, journaliste et écrivain, se battait contre l’uniformisation des femmes épilées intégralement. Il revenait sur l’histoire de l’épilation, qui aurait connu «un âge d’or» dans le porno des années 1970:
«Les femmes avaient de belles chattes bien touffues dans les films pornos des années 70, puis se sont épilées le maillot dans les années 80, ont adopté le ticket de métro dans les années 90 et l'intégrale dans les années 2000. Les hommes, qui veulent dans leur lit ce qu'ils voient dans les pornos, ont naturellement fait pression sur leurs copines pour qu'elles s'épilent...»
D’après Jill Burke, dès le début du du XVIe siècle de nombreux livres (appelés “livres de secrets”) ont délivré des astuces pour l’épilation de toutes les parties du corps féminin:
«Les livres de secrets écrits à partir du XVIe siècle foisonnent de recettes pour s’épiler. Ainsi, un livre de Caterina Sforza par exemple contient 9 recettes dont une à base de graisse de porc, moutarde et genévrier, ou une autre impliquant la distillation d’hirondelles.»
Jill Burke affirme qu’il existe une littérature abondante qui fait référence aux poils et à l’épilation pendant la Renaissance, et certains la recommandaient même pour des raison d’hygiène car elle évitait «la prolifération de vermine et de saleté.»
Elle cite aussi La Gentille Andalouse, un livre publié à Venise en 1529 qui raconte les péripéties d’une prostituée:
«Vous verrez plus de 10 prostituées, certaines d’entre elles s’épilent les sourcils et d’autres se rasent les parties génitales.»