D’abord prisée par les scénaristes de science-fiction et de films catastrophe (de «2001» à «Terminator»), la destruction de l’humanité par la technologie est désormais une discipline universitaire.
A l'université de Cambridge, un centre d’étude du risque existentiel –The Centre for the Study of Existential Risk (CSER)– dont l’ouverture prochaine est annoncée par le site Engineering and Technology magazine, se concentrera sur ces risques qui pèsent sur l’espèce humaine, qu’il s’agisse de bio- ou de nanotechnologies, de changements climatiques extrêmes ou d’intelligence artificielle.
Le centre, qui devrait débuter ses travaux l’année prochaine, a été fondé par trois personnes: Jaan Tallinn, le co-fondateur de Skype, Martin Rees, professeur de cosmologie et d’astrophysique et Huw Price, professeur de philosophie. Ce dernier détaille ainsi les raisons qui poussent l’université à se pencher sur ces risques existentiels:
«Nous devons prendre en compte sérieusement le fait que nous arrivons au point où nos technologies ont le potentiel de menacer nos existences —à un point jamais atteint jusqu’à aujourd’hui dans l’histoire humaine.»
«Nous espérons que le CSER sera un lieu où les cerveaux les plus brillants du monde dans diverses disciplines pourront collaborer pour explorer les risques technologiques dans un futur proche ou lointain», a-t-il ajouté.
Les trois chercheurs espèrent que le centre permettra de donner à la discipline «la respectabilité académique qu’elle mérite».
Sur la page d’accueil du site du CSER, les trois chercheurs se placent d’emblée dans la perspective de Irving John «Jack» Good, mathématicien, cryptographe, pionnier de l’ingénierie informatique, qui a écrit en 1965 un article dans le New Scientist à propos de la première machine ultra-intelligente.
Pour Good, qui a conseillé Stanley Kubrick pour l’écriture de son film 2001: Odyssée de l’espace, la survie de l’homme dépendait de la construction de cette machine ultra-intelligente. Si l'homme l'inventait, alors ce serait sa «dernière invention», écrivait-il.
Partageant le pessimisme de ce lanceur d’alerte, l’ancien co-fondateur de Skype Jaan Tallinn considère qu’il a plus de probabilité de mourir d’un accident d’intelligence artificielle que d’un cancer ou d’un problème de cœur, poursuit le texte d’introduction du CSER...