Méfiez-vous de vos amis, ils peuvent ruiner votre pensée politique. C’est du moins ce qu’affirme une étude publiée dans le journal Social Psychology dont Pacific Standard rapporte les découvertes.
Cette étude a été conduite auprès de 111 étudiants en science politique. Ils ont d’abord rempli un questionnaire visant à mesurer la taille, la complexité et le niveau de cohésion de leur réseau. Il leur a ensuite été demandé de nommer et de décrire quatre personnes avec lesquelles ils avaient parlé de politique les six derniers mois, puis de juger du niveau d’intérêt et d’implication de chacune de ces personnes en politique. Enfin, les étudiants ont décrit la relation qu’ils entretiennent avec ces personnes et combien de temps ils passent avec elles.
Les chercheurs ont ensuite comparé les interactions sociales des étudiants avec la sophistication de leur réflexion politique.
Les réseaux d’amis et de connaissances très cohésifs semblent créer «des bulles sociales qui peuvent limiter la manière dont l’on communique avec les autres et le raisonnement politique», ce qui conduit à «une réflexion de faible qualité sur les sujets d’une grande importance» et ce, quel que soit le niveau de réflexion politique du réseau ou la variété des opinions dans le réseau:
«Lorsqu’il s’agit de fournir une variété d’arguments sur un sujet, l’exposition répétée aux proches –et donc à leurs idées et leurs modes de raisonnement– limite la richesse de la réflexion.»
A l’inverse, les personnes qui discutent plus souvent de politique avec des individus n’appartenant pas à leur réseau présentent une réflexion et des arguments plus élaborés:
«Au contraire, ceux qui n’ont que des contacts occasionnels avec les personnes avec lesquelles ils parlent de politique, dont l’affection pour ces personnes est limitée, ont une pensée plus riche et plus causale.»
Les chercheurs mettent en garde contre la polarisation politique que peuvent engendrer ces pratiques sociales, surtout dans le contexte de l’expansion urbaine, qui voit (l'étude est menée aux Etats-Unis) la banlieue augmenter sans cesse et a donc «tendance à limiter les rencontres occasionnelles et rend les citoyens plus dépendants de leurs groupes les plus proches».