Malgré la tendance générale qui veut que la taille du cerveau soit proportionnelle à la masse corporelle, les humains sont une exception. Nous sommes les primates qui ont le plus gros cerveau et le plus de neurones, mais nous sommes loin d’avoir la plus grande masse corporelle. Pourquoi les grands singes, les plus grands primates, ne sont pas également ceux qui ont le plus gros cerveau?
C’est l’énigme à laquelle se sont intéressés deux chercheuses de l’université de Rio de Janeiro, Karine Fonseca-Azevedo et Suzana Herculano-Houzel, dans une étude intitulée «Les contraintes métaboliques imposent un compromis entre la taille du corps et le nombre de neurones du cerveau dans l’évolution humaine» parue dans la revue Proceedings of the national academy of science.
Leur conclusion: les singes n’auront pas de cerveau aussi gros que les humains tant qu’ils mangeront comme des singes, rapporte Discover Magazine. Leur raisonnement, fondé sur l’étude approfondie du nombre de neurones et du régime de 17 espèces, est le suivant.
Le cerveau nécessite énormément d’énergie (chez l’Homme, il consomme 20% de l’énergie totale), et plus le cerveau est gros, plus il consomme. Mais vu leur régime de nourriture crue, qui est moins calorique que la nourriture cuite, les grands singes ne peuvent alimenter plus de neurones qu’ils n’en ont actuellement, à moins de passer beaucoup plus de temps à fourrager et à s’alimenter, ce qui n’est pas possible.
Nos ancêtres, au contraire, ont dépassé cette contrainte en apprenant à cuire les aliments. La nourriture cuite apporte davantage de calories, et est plus facile à mâcher et à digérer. Leur régime leur a apporté plus d’énergie pour une durée de repas égale, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de neurones et de la taille du cerveau. Les scientifiques écrivent:
«Sans la nécessité de passer la plupart du temps disponible dans une journée à s’alimenter, la combinaison d’un plus grand temps libre et d’un grand nombre de neurones grâce à un régime d’aliments cuits a peut-être été un facteur majeur dans la croissance rapide de la taille du cerveau dans l’évolution humaine.»