En quelques heures, «un drame privé s’est transformé en une affaire d’Etat, la lutte contre les "déserts médicaux" devenant une grande cause nationale», expliquait sur Slate Jean-Yves Nau, à la suite de l'accouchement d'une Française sur l'autoroute A20, ayant débouché sur la mort du nouveau-né le 19 octobre dernier.
La mère du bébé, Anne-Sophie Delestre, s'est confiée au Nouvel Observateur. Elle juge précisément qu'en avoir fait une affaire d'Etat était tout à fait déplacé:
«On a été indigné par la politisation de notre drame. Et le manque de compassion total à notre égard. Jamais un mot pour nous.»
Anne-Sophie Delestre s'insurge contre tout le traitement de l'affaire, y compris les erreurs reprises par les médias, qu'elle corrige auprès du Nouvel Obs (c’était notamment sa première grossesse, «et elle n’était pas "à risque"»). Selon elle, ni son comportement —et celui de son compagnon— au moment des faits, ni l’obstétricien, qu'elle soutient «totalement» précise-t-elle, ne sont en cause.
Le président du syndicat national des gynécologues obstétriciens (Syngof), Jean Marty, avait déploré aussitôt après l'incident «la dégradation globale de la périnatalité», estimant que la mort du bébé était «une conséquence de la politique de démobilisation et de concentration des moyens de services de santé autour des capitales régionales».
Anne-Sophie Delestre laisse elle entendre que s'il s'agit là «d'une douleur immense, un deuil horrible», l'évènement ne doit pas provoquer une remise en cause de l'entièreté du système de santé français.