«Et si on allait tous ensemble chercher le prix Nobel de la paix à Oslo en décembre?», aurait demandé Angela Merkel à ses homologues des 26 Etats de l'Union à l'issue du dernier sommet qui les a réunis à Bruxelles les 18 et 19 octobre. Une belle photo de famille au service de l'unité européenne, que François Hollande aurait finalement refusé.
Selon le Spiegel, qui relate l'anecdote dans son article «Is the Franco-German Axis Kaput?», Merkel et Hollande ne sont d'accord sur rien, qu'il s'agisse de savoir qui ira chercher le prix Nobel ou, d'une manière plus fondamentale, de sauver l'euro et la zone qui va avec. Un sujet déjà abordé par la presse allemande la semaine dernière, comme nous le vous rapportions.
«En réalité, la relation a commencé sur une note froide» et a depuis glissé vers l'âge de glace, résume le Spiegel.
«Hollande ne veut pas pardonner à Merkel d'avoir fait campagne pour son opposant [...] Et à présent la Chancellerie suspecte Hollande de préparer secrètement une campagne en faveur du challenger centre-gauche (SPD) de Merkel, l'ancien ministre des Finances Peer Steinbrück.»
Hollande quant à lui critique la politique d'austérité de l'Allemagne, ce qu'il a encore rappelé en des termes directs à six journaux européens lors d'une interview commune à l'Elysée. Une attaque cinglante que la chancellerie a jugé insolente, même si le Spiegel n'a recueilli que des propos de cabinet plus diplomatiques...
«Qu'il s'agisse de réforme, de dépense, de solidarité ou d'intégration européenne, il y a eu de nombreuses crises dans les relations franco-allemandes par le passé, mais le fossé n'a jamais été aussi profond.»
En réalité Merkel et Hollande, s'«ils feignent l'harmonie en public», «vivent dans des univers parallèles», explique le Spiegel.
Comme le rappelait le 21 octobre le journal allemand Die Zeit:
«Un président français a rarement été d'humeur si agressive. Et Merkel a rarement laissé voir aussi clairement à quel point elle trouve cela superflu.»