Culture

Téléphone: les mauvaises histoires d'argent et d'ego d'Aubert et Bertignac

Temps de lecture : 2 min

Pochette de l'album «Crache ton venin»
Pochette de l'album «Crache ton venin»

Habituellement, Gérard Davet et Fabrice Lhomme signent des enquêtes sur l'affaire Bettencourt ou Karachi. Ce week-end, les deux journalistes chargés de l'investigation au Monde livrent un très long article sur Téléphone, le groupe mythique du rock français.

Un peu comme dans Cendrillon, l'histoire racontée dans «L'ego trop cher de Téléphone» commence comme un conte de fée et se termine en mauvais scénario alliant drogue, argent et mesquineries (et machisme?).

Qu'apprend-on? Principalement que Jean-Louis Aubert a déposé «dans la plus grande discrétion la marque "Téléphone" auprès de l'Institut national de la propriété industrielle».

Mais l'intérêt de l'article est sûrement dans l'atmosphère générale qui s'en dégage. Téléphone, pour la grande majorité des ados qui ne le sont plus aujourd'hui, ce sont d'abord des chansons, de celles que l'on aime reprendre à tue-tête en fin de soirée. Des textes dénonçant la société capitaliste, louant l'amour et l'amitié. Un chanteur quasi sosie de Mick Jagger, des musiciens talentueux. Un groupe dont la «reformation», périodiquement annoncée, fait toujours rêver.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme rappellent tout d'abord quelque chose que de nombreuses personnes ont oublié. Téléphone, c'était un groupe de quatre personnes. Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac, Richard Kolinka et... Corine Marienneau, «la fille» comme ils le soulignent.

Une «fille» que les autres n'aiment plus, écartent de leurs projets de reformation (et même des rares occasions où ils rejouent ensemble), se sent exclue. L'article ne le dit jamais expressément, mais c'est surtout cette impression de machisme latent qui se reste une fois le texte achevé. Jean-Louis Aubert et Louis Bertignac ayant refusé de répondre aux questions des journalistes, on ne saura pas ce qu'ils ont à dire pour se défendre de ce que Corine Marienneau leur reproche.

Ont-ils vraiment voulu la payer (200.000 euros) pour pouvoir remonter sur scène tranquillement, entre mecs? Aubert a-t-il eu la goujaterie de lui adresser un simple «bonjour Madame» aux obsèques de l'un de leurs amis? Fait-il pression sur les festivals pour qu'elle ne joue pas, sur le thème «c'est soit elle, soit moi»?

Davet et Lhomme racontent les multiples tentatives de reformation de Téléphone, à chaque fois avortées pour des questions d'argent («Bertignac a un rapport particulier avec l'argent, il est très exigeant, comme Aubert d'ailleurs», explique l'agent artistique Bertrand de Labbey).

Drogue (l'article insiste sur leur consommation d'héroïne à la grande époque), sexe (Bertignac a été le grand amour de Corine, Aubert l'a laissée tomber) et rock'n roll (Aubert voudrait s'approprier l'ensemble des textes), le cocktail a un goût très amer quelques années après. Téléphone? «Voilà, c'est fini», comme le chanterait sûrement Aubert.

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