D'une sombre histoire d'harcèlement sexuel chez les politiciens australiens émerge une extraordinaire tirade de 15 minutes de la Première ministre du pays, Julia Gillard, contre le sexisme et la misogynie.
Petit retour sur le scandale pour comprendre le contexte: Peter Slipper, anciennement du parti d'opposition, est passé à la majorité et devenu le président de la Chambre des représentants. En avril, il a été accusé d'harcèlement sexuel pour avoir envoyé des messages à un de ses employés, où il aurait notamment comparé les organes sexuels féminins à des moules sorties de leurs coquilles (original en plus d'être classe).
Il a finalement démissionné ce mardi 9 octobre, après qu'une motion de censure (appelant à sa démission) a été rejetée par la Chambre à une voix près.
Entre en scène Tony Abbott, président de l'opposition à la Chambre, qui en présentant cette motion a estimé que si Julia Gillard défendait Slipper, elle serait aussi sexiste que lui, et ajoutant:
«Chaque jour où la Première ministre vient devant ce Parlement défendre ce Président sera un autre jour de honte pour ce parlement, un autre jour de honte pour un gouvernement qui aurait déjà dû mourir de honte.»
Comme l'explique le Telegraph, Julia Gillard s'est alors retrouvée dans une position difficile: elle n'allait pas défendre Slipper, mais c'était elle qui s'était arrangée pour qu'il devienne président de la Chambre après sa défection du parti d'Abbott, ce qui lui était précieux pour conserver la majorité au parlement.
A la place, Julia Gillard a frappé là où elle pouvait: sur l'hypocrisie de Tony Abbott, qui tient régulièrement des propos sexistes. La Première ministre a ouvert son discours de 15 minutes d'une manière très cash:
«Je ne recevrai pas de leçons sur le sexisme et la misogynie de cet homme. Pas question. Et le gouvernement ne recevra pas de leçons sur le sexisme et la misogynie de cet homme. Ni aujourd'hui, ni jamais. Le chef de l'opposition dit que les gens qui sont sexistes et misogynistes ne conviennent pas à de hautes fonctions. Eh bien j'espère qu'il a un bout de papier et qu'il écrit sa propre démission, parce que s'il veut savoir à quoi ressemble la misogynie dans l'Australie moderne, il n'a pas besoin d'une motion à la Chambre des Représentants, il a besoin d'un miroir.»
La Première ministre a ensuite fait la liste de tous les propos –avec dates et sources– de Tony Abbott sur les femmes, parmi lesquels:
«Si c'est vrai que les hommes ont plus de pouvoir, en général, que les femmes, est-ce que c'est une mauvaise chose?»
«Et si les hommes, par leur physiologie ou leur tempérament, sont mieux adaptés à l'exercice de l'autorité ou à donner des ordres?»
Julia Gillard ajoute qu'elle a été très offensée quand «il est resté à côté d'une pancarte [la] décrivant comme "la chienne d'un homme"», et quand il a dit que «l'avortement est la solution de facilité», et quand il a dit, à la Chambre des Représentants, «si la Première ministre veut faire d'elle une honnête femme» (Julia Gillard n'est pas mariée), «quelque chose qui n'aurait jamais été dit à un homme assis à ma place».
Concluant aussi fort qu'elle a commencé quand, sur la fin de son discours, Tony Abbott regarde sa montre:
«Et maintenant, il regarde sa montre, parce qu'apparemment une femme a parlé trop longtemps.»