Il s’appelle Soren Bowie, est journaliste web et la photo sur laquelle il apparaît coincé à l’extérieur de sa Toyota, les clés restées à l’intérieur, a été utilisée par des centaines de sites de garagistes et de dépanneurs. Il explique cette incroyable histoire de photo virale sur le site pour lequel il travaille, Craked.com («Comment Google Images a fait de moi un abruti mondialement connu»).
Aujourd’hui, sa photo est tellement utilisée –elle arrive en tête des recherches Google images associées à la situation– qu'elle illustre toute sorte d'articles. Récemment, des jeunes de Syracuse ont été arrêtés par la police après avoir dîné et être partis sans payer d'un resto, sous le prétexte qu’ils avaient laissé leurs clés dans leur voiture... Et c’est encore Soren qui se retrouve en photo.
Capture d'écran: Craked.com
Comment est-ce possible? Il y a cinq ans, Soren a écrit pour 10 dollars un article expliquant comment pénétrer dans sa voiture quand on a oublié les clés à l’intérieur sans payer des fortunes.
Pour illustrer son article, il prend une photo de lui, la tête aplatie contre la vitre, l’air plutôt idiot. C’est le début de la malédiction. Quelque part, «une petite entreprise de la compagnie américaine Locksmith emprunte la photo, en attendant d’avoir l’argent pour acheter une photo sous licence, et puis une autre petite société l’emprunte à la première, et ensuite une autre, et encore une autre...», explique Soren en reconstituant la chronologie probable des événements.
Mais, poursuit-il, la faute en revient aussi à des web designers fainéants qui se sont passés la photo les uns aux autres parce qu’au fond, écrit-il, «qui s’en soucie vraiment? C’est juste une photo que son propriétaire ne découvrira jamais sur un petit site local de Tempe dans d’Arizona…». L'intégralité de son –édifiante– histoire est à lire sur Cracked.
L'histoire de Soren en rappelle d'autres, dont Vincent Glad avait déjà parlé sur Slate.fr dans «Google m'a tuer», article sur le travail des nettoyeurs du Net, qui prenait comme exemple trois cas réels (mais anonymisés pour l'occasion): «Brigitte», la mamie SM dont les photos coquines et perso s'étaient retrouvées sur Internet, «Nathalie», l'ex-call girl dont le témoignage dans un procès remontait sur le moteur de recherche ou encore «Bernard», blanchi par le justice mais pas par Google.