A défaut de constituer un mode de vie enviable, la castration aurait eu comme avantage d’augmenter la longévité des hommes. C’est ce qu’une étude se penchant sur l'espérance de vie d’eunuques coréens du XIVe au XXe siècle, relayée par le site Wired, vient de mettre en évidence.
«Notre étude soutient l’idée selon laquelle les hormones sexuelles mâles amoindrissent la durée de vie de l’homme», écrivent les chercheurs de l’équipe du biologiste Kyung-Jin Min de l’université de Corée, dans une étude publiée le 24 septembre dans la revue Current Biology.
Si l’homme vit, dans le règne animal et humain, moins longtemps que la femme, la testostérone pourrait jouer un rôle. Hormone responsable du développement musculaire, elle affaiblit également le système immunitaire. Or c’est par les testicules qu’elle est majoritairement produite, précise le site Maxi Sciences.
Les eunuques coréens, castrés jeunes, servaient comme officiers de la famille royale. Grâce à un arbre généalogique des eunuques, le Yang-Se-Gye-Bo, les biologistes ont pu calculer la longévité de 81 d’entre eux. Leur moyenne d’âge était de 70 ans, contre 56 ans seulement pour le groupe des non-castrés, composé de membres de trois familles de la noblesse de statut social comparable, incluant des membres de la famille royale et même des rois.
Sur 81 castrés, trois ont atteint l'âge de 100 ans. Contre un seul sur les 2.500 de l'autre groupe... Cette longévité est phénoménale, même au regard des statistiques contemporaines des pays développés. «Il y a au Japon un centenaire pour 3.500 habitants, et un pour 4.400 aux Etats-Unis», souligne l’équipe de chercheurs.
«La proportion de centenaires chez les eunuques coréens est donc au moins 130 fois supérieure à celle des pays développés.»
Faut-il pour autant attribuer uniquement à la baisse de la testostérone la longévité humaine? D’autres facteurs, biologiques et comportentaux, entrent également en jeu, rappelle Wired. L’effet de l’oestrogène, l’hormone sexuelle féminine, pourrait expliquer la durée de vie supérieure des femmes. Tout comme les comportements à risque, plus prisés par les hommes.
Enfin si des études ont validé sur des animaux de laboratoire l’effet de la castration, les cas humains observables sont aujourd'hui très rares. Des études complémentaires sur des eunuques d'autres cultures seraient nécessaires, concluent, prudents, les biologistes coréens.
Aux Etats-Unis comme en Europe, l'écart de l'espérance de vie entre les deux sexes a tendance à diminuer. Les Américains ont gagné 4,6 ans sur la période 1989-2009 contre 2,7 pour les Américaines. Comme Slate le rappelait en mai 2012, l'observatoire des inégalités en France rapporte le même constat:
«C’est la rançon de l’égalisation des conditions: les modes de vie des femmes se rapprochant de celles des hommes (qui sont davantage à l’écoute de leurs santé), les écarts d’espérance de vie entre les sexes se réduisent logiquement.»