Le plus grand musée hexagonal et le plus célèbre au monde ouvre cette semaine ses nouveaux espaces consacrés aux Arts de l'islam: 3.000 objets dans ce que le Nouvel Observateur décrit comme «un écrin de béton noir surmonté d'une verrière mordorée».
L’hebdomadaire rappelle:
«Le projet a mis dix ans pour aboutir. Il a coûté près de 100 millions d'euros, financés à 57% par le mécénat, notamment du prince saoudien al-Walid ben Talal (à titre privé) et du Roi Mohammed VI du Maroc. L'émir du Koweït, le sultan d'Oman, la république d'Azerbaïdjan financent également le projet.»
L’ouverture de cet espace pourrait susciter une polémique: cet écrin, très moderne, a-t-il sa place dans la Cour Visconti? «Le musée risque encore de déclencher la colère du public, en introduisant l’élément architectural le plus radical depuis la pyramide, en 1989», selon le New York Times.
Un «coup de vieux» pour la pyramide
Le projet avait été lancé en 2002 par Jacques Chirac, et à l’issue d’une compétition internationale, ce sont deux architectes italien et français qui avaient remporté la compétition: Mario Bellini et Rudy Ricciotti.
«L'évidement de ces volumes jusqu'à à 12 mètres de profondeur n'a causé aucun dommage. Les vibrations n'ont pas été ressenties dans les salles situées en surplomb, où se trouvent notamment les trésors de la Grèce préclassique, La Joconde et le Sacre de Napoléon par David», rappelait Le Figaro en janvier dernier, poursuivant:
«Les tonnes de terre ne pouvant être excavées par enjambement des ailes sous peine d'abîmer leurs façades commencées au XVIIe siècle et complétées au XIXe par l'architecte Visconti, on s'est résolu à tout faire passer par l'unique porche du côté Seine. Gravats comme matériels, jusqu'aux parois en verre simple –des plaques larges de 2,40 m et parfois longues de 6 m– ont emprunté cette voie large de seulement 2,7 mètres.»
Les deux architectes «ont dessiné puis modélisé sur ordinateur ce toit de forme ondulante, lourd de 135 tonnes, laissant passer la lumière naturelle», et qu’ils qualifient de «nuage doré» (Ricciotti) et «d'aile de libellule» (Bellini) selon Le Figaro. Cette surface extérieure, composée d’«un corps en verre et deux mailles de métal l'enveloppant» donnant à l'ensemble sa couleur or clair et brillant est une prouesse technologique et «les 8.800 éléments de cette couverture unique au monde donnent un coup de vieux à la pyramide», estimait le quotidien.
La civilisation islamique
Il n’est pas tout à fait exclu qu’une autre polémique poigne. Le Louvre a décidé de baptiser l’ensemble de cette collection «Islam», souligne le New York Times, quand par exemple le MET à New York, qui a inauguré une collection similaire il y a un peu moins d’un an, a refusé de définir les œuvres exposées seulement par leur aspect religieux, choisissant plutôt la géographie, intitulant ainsi le département d’un très long: «The Art of the Arab Lands, Turkey, Iran, Central Asia and Later South Asia».
«C’est ainsi que le monde a toujours parlé de l’islam, pas seulement en tant que religion, mais en tant que civilisation aussi», explique Sophie Makariou, directrice des Arts islamiques du Louvre, au New York Times, soulignant que le nom n’est pas une simplification. «Nous sommes là pour raconter cette histoire. Elle est aussi complexe qu’un textile. Il y a de nombreux tissages, et bien des civilisations différentes qui ont construit ce monde.»
En inaugurant le nouveau département mardi, quelques jours après la découverte du film ayant déclenché l'ire dans les pays musulmans, François Hollande n'a pas manqué de faire un pont avec le présent:
«L'honneur des civilisations islamiques est d'être plus anciennes, plus vivantes et plus tolérantes que certains de ceux qui prétendent abusivement aujourd'hui parler en leur nom. Il est l'exact contraire de l'obscurantisme qui anéantit les principes et détruit les valeurs de l'islam en portant la violence et la haine.»