France

Fessenheim: un incident chimique fait deux blessés

Temps de lecture : 3 min

Fessenheim / REUTERS/Vincent Kessler
Fessenheim / REUTERS/Vincent Kessler

Un incident s’est produit ce mercredi 5 septembre à la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin. L'agence de presse Reuters a d’abord parlé d’un «début d’incendie chimique», rapportant que les pompiers ont fait état de plusieurs blessés, sans préciser leur état, tandis que la préfecture du département a confirmé l’accident. Un porte-parole a déclaré à Reuters:

«Nous avons été alertés pour un départ de feu à 15h50.»

La préfecture a ensuite précisé qu’il ne s’agissait pas d’un incendie, mais d’un «dégagement de vapeur d'eau oxygénée produit par l'injection dans un réservoir de peroxyde d'hydrogène qui a réagi avec l'eau».

Contacté par Slate.fr, un porte-parole de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) confirme que «a priori, ce n’est pas nucléaire» et explique attendre des «confirmations écrites sur le sujet» avant de pouvoir donner plus de détails.

L’ASN avait déjà signalé deux incidents à la centrale de Fessenheim cette année avant celui d’aujourd’hui, tous deux de niveau 1 sur l’échelle internationale de gravité des accidents nucléaires (INES), soit le plus bas niveau de gravité. Pour comparaison, l’accident de Fukushima est classé de niveau 7, le plus élevé.

L’une des premières réactions politiques à l’incident est venue de l’ancienne candidate d’Europe Ecologie-Les Verts à l’élection présidentielle, Eva Joly, qui a écrit sur son compte Twitter:

Le sort de Fessenheim avait été au cœur de la campagne présidentielle. François Hollande, qui a annoncé un objectif de réduction de 75% à 50% de la part de production d’électricité d’origine nucléaire en France, a en effet inscrit à son programme la fermeture de Fessenheim, tandis que Nicolas Sarkozy avait fait de la défense du site un de ses combats principaux, affirmant que les ouvriers avaient été «vendus» par le PS lors des négociations programmatiques avec EELV. Le 19 mars, l’actuel président avait d’ailleurs été hué à la sortie de son QG par une quarantaine de salariés de la centrale.

Auditionnée devant la Commission des affaires économiques début juillet, la ministre de l’Ecologie Delphine Batho avait affirmé que l’engagement de fermer Fessenheim serait «tenu». Devant les mêmes députés, André-Claude Lacoste, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), avait affirmé que «du point de vue de l’ASN, en matière de sûreté, il n’est pas nécessaire de fermer la centrale si EDF effectue les travaux et investissements qui s’imposent».

La semaine dernière, le chef de file des écologistes au Sénat, Jean-Vincent Placé, avait réclamé un calendrier précis de fermeture.

Hasard du calendrier, trois associations anti-nucléaires alsaciennes devaient être reçues au ministère de l'Ecologie et du développement durable par un conseiller du ministre Delphine Batho ce mercredi pour évoquer le cas de la centrale de Fessenheim.


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Sur Fessenheim et le nucléaire en France

La stratégie nucléaire de la France? Ne rien faire par Michel Alberganti

Le démantèlement des centrales les plus anciennes, qui conditionne la construction de nouveaux réacteurs, est trop coûteux.

Extrait:

Plus question de mettre à la casse une vieille centrale comme Fessenheim. Les membres de la commission «Energies 2050» ont remis lundi 13 février 2012 au ministre chargé de l’énergie Eric Besson un rapport estimant que la France doit «s'interdire toute fermeture administrative d'une centrale nucléaire» qui n'aurait pas été décidée pour des raisons de sûreté, et que «la trajectoire optimale pour notre pays consiste à prolonger la durée de vie des centrales existantes aussi longtemps que l'autorité de sûreté nucléaire le permettra».

Les centrales nucléaires les plus dangereuses du monde par Sylvain Mouillard

Il n'existe pas de liste noire tenue par l'AIEA, mais les risques peuvent être évalués.

Extrait:

«Le vieillissement et la dégradation des installations ne sont pas l’unique point de débat avec les anti-nucléaires. «Même si un événement a des chances infimes de survenir, les conséquences sont tellement énormes que cela pose problème», explique Perline, porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire. C’est ce qui s’appelle le risque résiduel, c’est-à-dire le risque subsistant après le traitement de l’aléa. Typiquement, le tremblement de terre. En France, 6 centrales sont situées dans des zones de sismicité modérée [carte]. Celle de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne dans l’Hexagone, a fait l’objet de travaux de renforcement après la mise en évidence de certaines insuffisances de résistance.»

Les précédents accidents en France

En avril dernier, deux incendies et une fuite radioactive avaient eu lieu à Penly. Michel Alberganti s'interrogeait sur ce qui s'était réellement passé et sur la communication d'EDF. Lire l'article «Incendies radioctifs: que s'est-il passé à Penly?»

En septembre 2011, le site de Marcoule, dans le Gard, avait été victime d'une explosion. Gilles Bridier en avait profité pour revenir sur les accidents en France et le changement de perception au sein de la société depuis Fukushima. Lire l'article «Un accident “industriel”, peut-être, mais “nucléaire” aussi»

La France et le risque nucléaire

Après la catastrophe de Fukushima, Grégoire Fleurot s'était intéressé à la gestion du risque française. Lire l'article «La France n'est pas préparée au pire scénario nucléaire»

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