Rebondissement dans l'affaire Rimsha: la petite fille pakistanaise de 12 ans, qui avait ébranlé les médias du monde entier en étant emprisonnée pour blasphème, à 12 ans, a peut-être été victime d'un coup monté. La police pakistanaise a écroué ce week-end l'imam à l'origine de la plainte contre Rimsha. Il est soupçonné d'avoir fabriqué des pièces à conviction.
Rimsha, jeune habitante de la périphérie d'Islamabad, avait soi-disant été vue en train de brûler des versets du Coran –un crime au Pakistan.
Mais de nouveaux témoignages, explique l'AFP, suggèrent la piste d'un coup monté par l'imam pour incriminer l'adolescente. «L'imam Hafiz Mohammed Khalid Chishti a été arrêté, après que son assistant, Maulvi Zubair, et deux autres personnes eurent affirmé devant la justice qu'il avait ajouté des pages du Coran aux feuilles brûlées qu'un témoin lui avait rapporté», a déclaré à l'AFP un enquêteur de la police, Munir Hussain Jaffri.
Retournement de situation
L'AFP poursuit:
«L'assistant et les témoins ont prié l'imam de ne pas fabriquer de fausses preuves contre Rimsha, selon la police. "Mais l'imam Chishti a répondu: 'Il s'agit de la seule façon d'expulser les chrétiens de ce quartier'", selon l'enquêteur.»
Les relations entre chrétiens et musulmans se sont dégradées au cours des derniers mois dans le quartier populaire de Mehrabad, à la périphérie d'Islamabad où se sont déroulés les faits. David Griffiths, spécialiste du sud-est asiatique pour l’ONG de défense des droits religieux Christian Solidarity Worldwilde, explique dans La Croix que la situation des chrétiens au Pakistan, considérés comme citoyens de seconde zone, inquiète et que «le climat devient plus violent, plus intimidant aussi». Il précise:
«La loi sur le blasphème a été instaurée en 1986, par Muhammad Zia-ul-Haq, qui fut président de 1978 à 1988. Mais sa volonté d’islamiser le pays s’est ressentie à d’autres niveaux. Dans les programmes scolaires notamment: ils sont, aujourd’hui encore, réellement hostiles aux minorités. Cela constitue un problème majeur: la génération actuelle a été élevée, éduquée, dans l’idée que les chrétiens –mais aussi les hindous– ne sont pas les égaux des musulmans.»
Mais les musulmans peuvent aussi être accusés de blasphème, et en l'occurence l'imam s'est rendu coupable d'outrage aux yeux de la loi.
«En plaçant des pages (du texte sacré) sur des cendres, il a profané le Coran et a donc aussi été accusé de blasphème», a confié à l'AFP l'enquêteur.