Mitt Romney a nommé officiellement Paul Ryan son colistier à la présidentielle américaine 2012 ce samedi 11 août. L'identité de ce potentiel vice-président qui vient du Wisconsin et est membre de la Chambre des Représentants était attendue depuis des semaines par les médias.
Quand il a présenté Paul Ryan, Mitt Romney s'est livré à un lapsus révélateur bien gênant, demandant à ses supporters d'accueillir le prochain... président des Etats-Unis!
Après un peu de flottement, Paul Ryan est entré sur scène, et Romney est remonté pour ratrapper la bourde, disant en rigolant:
«De temps à autres je fais des erreurs. Mais je peux vous dire que je n'ai pas fait d'erreurs avec ce type.»
Depuis la veille au soir, des sources républicaines avaient confirmé à NBC News, au Huffington Post, ainsi qu'à l'Associated Press que Romney choisirait Paul Ryan, en charge du comité de la Chambre des Représentants sur le budget.
Paul Ryan et Mitt Romney en campagne dans le Wisconsin, le 30 mars 2012. REUTERS/Darren Hauck
Sarah Palin sans l'incertitude
Pour Dave Weigel de Slate.com, l'intérêt de choisir Ryan est clair: «il a le même pouvoir d'unification de la base du parti que la nomination de Sarah Palin, mais sans l'incertitude». Il vient en plus du Wisconsin, un Etat crucial pour les Républicains: il n'a pas voté majoritairement à droite depuis 1984 dans une élection présidentielle, alors même qu'il vote républicain au niveau étatique.
Et le Wisconsin était décrit en juin dernier par John Dickerson comme «la maison de deux superstars du Parti Républicain», Paul Ryan et son gouverneur Scott Walker, «connus pour leur persévérance et leur audace», ajoutant:
«Si Romney fait campagne à grand bruit dans le Wisconsin, ça enverra le message qu'il va gouverner de la même manière audacieusement conservative que la jeune garde préférée de l'Etat.»
Romney ne devrait pas pour autant s'attendre à ce que Ryan lui fasse gagner le Wisconsin: historiquement, explique le New York Times, les colistiers ont permis à leur ticket présidentiel de gagner environ 2 points dans leur état.
A 42 ans, Ryan est d'un courant plus conservateur du parti que Mitt Romney, note le New York Times. Il est vu par les démocrates comme menant l'effort républicain pour diminuer les programmes d'aide publique et les dépenses sociales.
C'est un des leaders idéologiques du parti, très conservateur sur le plan fiscal, évidemment très opposé à la politique budgétaire d'Obama. Le NYT rappelle qu'il a recommandé des changements de taille pour Medicare, le programme de santé subventionné par l'Etat pour les personnes âgées, et Medicaid, pour les pauvres, et proposé de privatiser la sécurité sociale. Des idées qui l'ont d'abord éloigné du reste des Républicains, avant qu'il réussisse à les convaincre de leur intérêt.
Il est aujourd'hui considéré par beaucoup comme «un pont entre l'establishment du parti et le mouvement très remonté du Tea Party, qui n'a jamais apprécié Romney», analyse l'Associated Press.
Paul Ryan est le premier colistier issu de la Chambre des Représentants depuis 1984 et Geraldine Ferraro.