Finis incinérations et enterrements, la solution pour se débarrasser des cadavres résiderait tout bêtement dans la nature.
C’est la théorie du naturaliste Bernd Heinrich, professeur à l’université du Vermont, dans son dernier livre Life Everlasting: The Animal Way of Death, rapporte le Wall Street Journal.
L’idée lui est venue d’une lettre envoyée par un de ses collègues mourant qui lui demandait d’accrocher son cadavre dans les arbres de sa propriété pour se faire dévorer par les corbeaux et coyotes.
S’il a refusé d’obéir aux dernières volontés de son ami, le biologiste a quand même tenté de nouvelles expériences en plaçant des carcasses d’animaux à sa fenêtre et en observant la manière dont les autres bêtes se nourrissent de leurs restes.
Selon le Seattle Times, Bernd Heinrich aurait répété la même expérience plusieurs nuits de suite avec différents animaux.
«Les meilleurs moments du livre sont ses descriptions évocatrices de bêtes en décomposition et les insectes, oiseaux et mammifères qui se nourrissent de ces cadavres en putréfaction.»
Souris, coqs, élans. La taille des cadavres augmente à chaque fois mais la parade reste la même. Des scarabées arrivent en premier et préviennent leurs comparses. Après avoir mis de côté les restes d’animaux, ils s’accouplent sur la charogne et s’envolent en colorant leurs ailes en jaune pour imiter les abeilles. Si les scarabées doivent se battre avec des porcs épics, des corbeaux et des ours pour dépecer la carcasse, les grands gagnants sont souvent des larves de mouches qui se développent sur la putréfaction du corps en décomposition.
Une preuve que les hommes ont toujours été des chasseurs puisque la concurrence était trop rude sur les charognes.
Selon NPR, les vautours devraient même remplacer le personnel des services autoroutiers.
«Les rennes tués sur la route sont retirés par les services autoroutiers et enterrés alors que les vautours feraient un bien meilleur travail si on les laissait.»
Bernd Heinrich montre une fois encore le cycle du règne animal et comment la vie doit se nourrir de la mort pour continuer.
«On tue des animaux par milliards et en même temps on retire pour toujours des ressources naturelles pour bien d’autres. Pas un seul animal n’a le droit de nous consommer, même après notre mort. Pas même les vers.»
Face à cette injustice, Bernd Heinrich a décidé que sa dépouille reposerait sans embaumement au pied d’un arbre dans une simple boîte en pin où les vers pourront entrer sans problème et les corbeaux dégusteront son cœur.