Avant d’arriver sur cet article de Slate, vous avez déjà checké vos mails douze fois dans la matinée, alternant entre chat sur Gmail ou Yahoo, partage de fichiers ou petite partie de jeu en ligne? Vous lisez ce paragraphe au milieu de la dizaine d'onglets ouverts sur votre navigateur? Votre comportement révèle peut-être des signes de dépression.
C’est en tout cas ce que pensent Sriram Chellappan et Raghavendra Kotikalapudi, respectivement professeur de sciences informatiques et ingénieur en développement de logiciels à l’université du Missouri. Dans l’IEEE Technology and Society Magazine, une revue universitaire qui explore l’impact de la technologie sur le comportement social, ils viennent de publier une surprenante étude sur la manière dont les individus souffrant de dépression naviguent sur Internet.
Dans le New York Times, les deux chercheurs résument les résultats de leur étude. Recrutés à l’université de Science et de Technologie du Missouri, 216 étudiants de premier cycle ont participé à l’expérience.
Après leur avoir demandé de remplir un questionnaire utilisé pour détecter les signes de dépression, les deux chercheurs ont installé les «cobayes» devant un écran d’ordinateur et ont étudié leur manière d’utiliser Internet. Cela n’impliquait pas, précisent-ils, d’enregistrer l’adresse des sites qu’ils visitaient ni d’espionner leur correspondance e-mail. Les chercheurs se sont contentés de récupérer des informations sur le flux de trafic permettant d’élaborer un modèle général de comportement en ligne.
Or il existe bien une manière de surfer typique des caractères dépressifs:
- Les dépressifs partagent de grandes quantités de fichiers en ligne.
- Ils font un usage intense des correspondances e-mail. Le fait de checker constamment ses e-mails est d’ailleurs relié au niveau d’anxiété, lui-même corrélé avec les symptômes de la dépression, rappellent les chercheurs.
- Autre spécificité: les étudiants qui montrent des signes dépressifs alternent fréquemment entre les applications (e-mail, chat rooms ou jeux en ligne). Un problème de concentration lui aussi annonciateur de dépression.
- Enfin l’intensité de la pratique (jeux, applications, chat) est elle aussi corrélée avec l'état dépressif.
En résumé, vous l’avez compris, nous sommes tous des dépressifs en puissance sur le web.
Les deux chercheurs pensent que leur découverte pourrait avoir une application pratique: l’idée est de développer une application qui, installée sur les ordinateurs personnels et les smartphones, alerterait l’utilisateur quand son comportement de navigation se rapproche des signes de dépression… L’enfer n’est-il pas toujours pavé de bonnes intentions?