Un étudiant américain a été jugé coupable lundi 21 mai d’avoir utilisé une webcam pour filmer en secret son camarade de chambre en train d’embrasser un autre garçon, et condamné à 30 jours de prison, rapporte BBC News. Dharun Ravi, aujourd’hui âgé de 20 ans, risquait jusqu’à 10 ans de prison.
Son voisin de chambre à l’université du New Jersey, Tyler Clementi, s’était suicidé en se jetant du George Washington Bridge le 22 septembre 2010 après l’incident, déclenchant une vague d’indignation dans le pays. Dharun Ravi avait à l’époque effacé des messages compromettants de son compte Twitter après avoir été libéré sous caution pour 25.000 dollars (un peu plus de 18.000 euros), mais les messages avaient été récupérés et mis en ligne par le site Gawker.
Le 19 septembre, il écrivait: «Mon coloc a demandé à avoir la chambre jusqu’à minuit. Je suis allé dans la chambre de molly [l'autre étudiant mis en cause] et j’ai allumé ma webcam. Je l’ai vu faire se peloter avec un mec. Yay.» Puis quelques jours plus tard: «Je mets ceux qui ont iChat au défi de se mettre en conversation vidéo avec moi entre 21h30 et minuit. Oui, cela va encore se passer.»
En rendant son jugement à Brunswick dans le New Jersey, le juge américain a rappelé que Ravi ne s’est à aucun moment excusé pour son comportement. Il a estimé que Ravi n’a pas agi par pure haine, mais qu’il était coupable d’une «insensibilité colossale» et d’avoir essayé de couvrir ses actes en effaçant des SMS et des tweets. Il a également tenté d’influencer un autre témoin.
Pour les défenseurs des droits des homosexuels, l’affaire est plus complexe qu’il n’y paraît: s'ils condamnent fermement le comportement de Ravi, certains faisaient campagne depuis deux mois pour qu’il n’écope pas d’une peine de prison ferme, rapporte le New York Times:
«Ils estiment que Ravi est puni pour le suicide de son camarade de chambre alors qu’il n’en a pas été jugé responsable, et que lui faire porter toute la responsabilité occulte les pressions sociales complexes qui poussent les jeunes homosexuels à se suicider.»
Ils craignaient également qu’une sanction trop forte puisse alimenter les sentiments anti-gays et les accusations contre le «lobby gay».