C'est un fait rarement contredit, les Américains travaillent en moyenne plus que les Européens. Certaines études montrent que leur temps passé au travail est de 30% supérieur... Mais au fait, pourquoi travaillent-ils autant?
Selon trois chercheurs (leur thèse, résumée sur le site Vox Eu, est développée dans un article intitulé «Marriage Stability, Taxation and Aggregate Labor Supply in the US vs. Europe»), on attribue communément ces écarts à l'effet incitatif du taux d'imposition: là ou les impôts sont plus faibles, les individus sont encouragés à travailler plus pour gagner plus, pourrait-on dire.
Vrai, mais insuffisant. Car en testant la variation du nombre d'heures travaillées aux Etats-Unis et en Europe selon le taux d'imposition des pays, les chercheurs se sont aperçus que ce critère n'avait presque aucune influence sur le nombre d'heures travaillées par les femmes. S'il y a de forts écarts entre le nombre d'heures travaillées par les femmes aux Etats-Unis et en Europe, le système fiscal ne suffit pas à l'expliquer.
En revanche, ils ont identifié une très forte corrélation entre le nombre d'heures que les femmes passent au travail et... le taux de divorce! Plus celui-ci est important, plus les femmes du pays concerné travaillent longtemps. Pourquoi?
Les auteurs de l'étude pensent que pour les femmes, qui gagnent en majorité moins que leur mari, «le mariage fournit une assurance sociale implicite». Si le taux de divorce est important, les femmes auront intérêt à travailler plus afin d'acquérir plus d'expérience et de mieux gagner leur vie en cas de séparation. En Europe, les femmes anticipent moins la possibilité d'un divorce, elles trouvent donc moins d'incitation à travailler que les Américaines... CQFD. Les auteurs de l'étude donnent l'exemple de la loi sur le «non-fault» divorce, qui permet de rompre le mariage sans qu'une faute ait été constatée. Dans les Etats américains où, dans les années 1970, cette loi a été adoptée, on a observé un pic de travail féminin... En résumé: plus un pays divorce, plus sa force de travail féminine est prête à passer des heures sup au bureau.