Plus narcissique que le métrosexuel, plus connecté que le hipster et plus cool que le geek: le «datasexuel» fait son entrée dans le lexique du marketing. Dans un article intitulé «Meet the Urban Datasexual» publié sur Big Think, le consultant Dominic Basulto fait le constat suivant:
«L’esprit du temps qui a fait émerger le métrosexuel —l’homme urbain obsédé par son style et son apparence physique— est en train de donner naissance à son équivalent numérique: le datasexuel.»
Comme le souligne Xavier de la Porte sur Internet Actu, le datasexuel «est continuellement connecté, il enregistre obsessionnellement tous les aspects de sa vie». Notons jusqu’ici que notre datasexuel ressemble à un geek comme les autres. Mais, et c’est là que cela devient intéressant, «il pense que ces données sont sexy. Sa vie, du point de vue des données tout au moins, est parfaitement stylée». De quoi donner raison au Chief Economist de Google, Hal Varian, lorsqu'il affirmait:
«Le job le plus sexy des dix prochaines années sera celui de statisticien.»
Comment en est-on arrivé là? Pour Basulto, un design simple et attrayant a permis de mettre en forme les données personnelles collectées sur le web avec des infographies agréables à regarder (nuages, cartes, etc.) Une culture de la visualisation de données a pu naître avec, par exemple, les rapports annuels de Nicholas Felton, qui rendent «cool» l’enregistrement obsessionnel de toutes sortes d’activités quotidiennes. De là, il n’y avait plus qu’un pas à franchir pour en arriver au Quantified Self (la métrique de soi), un mouvement qui promeut la connaissance de soi par les nombres et les données… Une sorte de rencontre entre la philosophie New Age, la statistique et les technologies numériques.
«Que cela vous plaise ou pas, poursuit Dominic Basulto, les données sont à la mode aujourd’hui sur Internet, et des entreprises de toutes tailles travaillent en permanence pour inventer les moyens de monétiser toutes ces données personnelles.»
Allant du recensement du nombre de rapports sexuels au contrôle quotidien de son poids en passant par l’enregistrement de ses humeurs ou de ses trajets quotidiens, l’obsession data est potentiellement sans limite. Et «la folie datasexuelle commence à basculer dans le mainstream. Tous autant que nous sommes —et pas seulement les datasexuels d’aujourd’hui—, nous serons bientôt équipés d’un nombre extravagant d’outils numériques et de senseurs provenant d’entreprises “cool” comme Apple et Nike».