Ça y est, quatre mois et demi après avoir déposé son dossier d'entrée, l'introduction en bourse (IPO) de Facebook se fait concrètement ce vendredi 18 mai. En plus de nos articles sur le sujet (notamment celui de Matthew Yglesias sur la dictature d'entreprise qui va naître de cette opération), voici dix choses, importantes et anecdotiques, à retenir sur cet événement:
1. Ce sera la troisième plus importante introduction en bourse de tous les temps, puisqu'elle est censée générer au moins 16 milliards de dollars (12,6 milliards d'euros), la plaçant derrière General Motors (24,1 milliards de dollars le 17 novembre 2010) et Visa (21,1 milliards de dollars le 18 mars 2008). Facebook devrait être de loin devant les autres introductions en bourse d'entreprises technologiques. L'entrée en bourse de Google le 18 août 2004 a par exemple «seulement» généré 2,3 milliards de dollars.
2. Vous risquez d'avoir du mal à acheter des actions aujourd'hui. Il est en théorie tout à fait possible pour un investisseur particulier basé en France d'acheter des titres Facebook. Mais les courtiers parlaient d'un «problème de fournisseur»: la demande risque d'être si forte qu'ils n'auront pas accès aux titres et ne pourront donc pas les proposer à leurs clients. S'ils y parviennent, ces titres seront proposés aux très bons clients...
Mais l'opération sera ensuite facilitée une fois que les titres Facebook auront été introduits et s'échangeront au quotidien sur le marché, comme n'importe quelle action.
3. De toute façon, est-ce vraiment une bonne idée d'acheter des actions Facebook? Pas nécessairement, surtout pour les boursicoteurs débutants, dont la situation peut être comparée à celle d'un skieur débutant commençant par une piste noire.
4. Bono va devenir le musicien le plus riche du monde. Le chanteur de U2 est un des premiers investisseurs de Facebook, et il possède 2,3% des parts de l'entreprise depuis 2009, via son entreprise Elevation Partners. Il avait acheté ces parts 90 millions de dollars (70 millions d'euros), et comme la valeur totale de Facebook est évaluée à 100 milliards de dollars, la participation de Bono vaut plus de 1,5 milliard. Il dépassera ainsi largement Paul McCartney, pour l'instant la rock star la plus riche du monde avec ses 665 millions de livres (827 millions d'euros).
5. Une entreprise a créé un sweat à capuche de costume pour Mark Zuckerberg. Une semaine avant l'entrée en bourse de Facebook, Wall Street s'inquiétait des habitudes vestimentaires de son fondateur et PDG, qui s'est présenté à une réunion avec de potentiels investisseurs avec un sweat à capuche, sa marque de fabrique. Des analystes estimaient que c'était un signe «d'immaturité», tandis que les geeks se moquaient des investisseurs.
Du coup, la marque Betabrand en a profité pour sortir un sweat à capuche à fines rayures, un vêtement «business casual» pour que Mark Zuckerberg ait la classe sans renier son style:
6. Le co-fondateur de Facebook a renoncé à sa citoyenneté américaine avant cette entrée en bourse. Eduardo Saverin, 30 ans, possède environ 4% de l'entreprise, et il a renoncé à sa citoyenneté pour éviter d'avoir à payer des impôts en conséquence de ces parts. Son porte-parole justifie sa nouvelle citoyenneté singapourienne parce que Saverin «compte vivre à Singapour pour une période indéfinie», et affirme que la décision de son client date de septembre dernier.
Des législateurs américains sont furieux de ce qu'ils voient comme une évasion fiscale, et deux sénateurs démocrates ont décidé de proposer une loi – le «Ex-patriot act»– qui empêcherait notamment une personne ayant un patrimoine de plus de 2 millions de dollars et renonçant à sa citoyenneté pour éviter de payer des impôts de ré-entrer aux États-Unis.
7. Que veut dire l'introduction en bourse de Facebook pour la vie privée de ses utilisateurs? Tout le monde n'est pas d'accord. Certains estiment que si l'entreprise veut faire une entrée réussie, elle va devoir trouver de nouveaux moyens de gagner de l'argent en utilisant les informations personnelles postées par ses 900 millions d'utilisateurs, et que les législateurs américains comptent bien regarder de près ce que Facebook va faire.
Au contraire, un avocat de l'union des libertés civiques américaines du Nord de la Californie pense que «le fait qu'ils deviennent une entreprise publique pourrait imposer une confiance [...] ils vont devoir garder la confiance de leurs utilisateurs ou ils risqueront de perdre de l'argent».
8. Vous la sentez, la bulle? A la veille de l'introduction en bourse de Facebook, le réseau social Pinterest a levé 100 millions de dollars auprès du site d'e-commerce japonais Rakuten, amenant sa valeur à 1,5 milliard de dollars, soit 50% de plus que le prix déjà incroyable d'Instagram (racheté par Facebook il y a peu de temps).
C'est d'autant plus le signe d'une bulle autour des réseaux sociaux que Pinterest n'a même pas de business model, contrairement à Facebook.
9. Prochaine étape, la Chine? Dans son dossier d'entrée en bourse, Facebook mentionne le mot «Chine» neuf fois, ce qui pour le chef de rubrique Asie de NextWeb veut dire que «le pays est sérieusement considéré comme un possible nouveau marché pour le réseau social».
Problème, Facebook est bloqué depuis trois ans dans le pays, et même si l'entreprise arrive à convaincre le gouvernement d'arrêter de censurer le site, il va arriver bien tard sur le marché des réseaux sociaux dans le pays.
- [À lire sur China Daily et BBC News]
10. Vous en avez marre d'entendre parler de Facebook? Vous n'êtes pas seuls. Le magazine américain Time fait la liste des gens qui n'en peuvent plus de lire et de voir du Facebook partout et n'ont qu'une hâte, que l'introduction en bourse soit faite et qu'on parle d'autres entreprises, tandis que le New York magazine accuse ces trouble-fêtes de chercher à faire baisser le prix des actions pour leur propre intérêt.