Si apprendre une langue étrangère permet d’ouvrir son esprit, penser dans une autre langue permet de prendre de meilleures décisions. Telle est la découverte de chercheurs de l’Université de Chicago.
Une étude intitulée «L’effet des langues étrangères: penser dans une langue étrangère réduit les biais dans la prise de décision» publiée dans Physiological Science, explique ainsi que penser dans une autre langue que sa langue maternelle permet d’échapper aux émotions liées à cette dernière. Et prendre des décisions plus rationnelles.
Selon Sayuri Hayakawa, co-auteur de l’étude, on ne dissocie pas ses émotions quand on pense dans sa langue, ce qui influe sur notre réflexion logique:
«Une réaction émotionnelle peut engendrer des décisions motivées davantage par la peur que par l’espoir, même quand les chances de réussite sont très favorables.»
Sur le site Digital Journal, Boaz Keysar, expert en psychologie et en communication de l’université de Chicago, qui a dirigé l’étude en question, explique:
«Nous savons de précédentes études que comme les gens ont naturellement une aversion pour le risque, ils renoncent souvent à des opportunités attrayantes. Nos nouvelles conclusions démontrent que cette aversion est réduite quand ces personnes prennent des décisions dans une langue étrangère.»
Des expériences concluantes
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont effectué six expériences sur trois continents différents avec plus de 600 participants. Dans une de ces expériences, décrite dans le Daily Mail, les chercheurs ont testé des étudiants dont la langue maternelle était l'anglais et qui savaient également parler espagnol afin de savoir dans quelle langue ils prenaient le plus de risques.
Chaque participant recevait donc 15 dollars (environ 11 euros), avec lesquels il faisait des paris d’un dollar. Il pouvait, soit garder le dollar, soit le mettre en jeu avec la possibilité de gagner 1,50 dollar s’il remportait un lancer de pièces. A chaque tour, il pouvait donc gagner 2,50 dollars s’il gagnait le lancer (le dollar qu’il mettait en jeu + 1,50 dollar qu’il remportait) ou ne rien gagner s’il perdait. Les paris étaient attrayants car, statistiquement, les étudiants avaient des chances de gagner s’ils prenaient part aux quinze paris.
Au final, les étudiants qui ont considéré le problème en anglais se sont focalisés sur la peur de perdre et n’ont tenté de parier que 54% du temps. A l’inverse, les étudiants qui ont fait l’expérience en espagnol ont choisi le pari 71% du temps.
Les auteurs de l'étude concluent ainsi:
«Les gens qui prennent régulièrement des décisions concernant leurs économies, leurs investissements et leur retraite dans une langue étrangère le font peut-être avec moins de préjugés, étant donné qu’ils montrent moins d’aversion au risque systématique. Sur le long terme, ceci peut être très bénéfique.»