Rappel sur les baby showers: ce sont ces fêtes qui n’existent quasiment pas en France mais sont un rituel aux Etats-Unis, pour célébrer la naissance d’un enfant avant même qu’elle n’ait lieu. On félicite la mère pour les vingt kg qu’elle a pris et son joli double-menton, en offrant hochets et grenouillères.
Mais désormais, il y a mieux. Les «gender-reveal parties» ou les «fêtes du dévoilement du sexe», qui font fureur au pays des cupcakes.
Aux Etats-Unis, plus de 50% des parents veulent connaître le sexe de l’enfant avant sa naissance, explique le New York Times dans un article consacré au sujet. Mais regarder l'échographie avec le gynécologue ne les satisfait pas tous.
De plus en plus de parents font donc envoyer les ultrasons à un pâtissier, qui ouvre lui-même l'enveloppe dont les parents n'ont jamais regardé le contenu. Si c’est un garçon, il mettra du colorant bleu à l’intérieur du gâteau. Si c’est une fille, du colorant rose. Puis le pâtissier (qui se sent investi d'une sacrée responsabilité, confiait l'un d'entre eux à USA Today en 2011) fait envoyer le gâteau, enveloppé d’un glaçage d’une couleur «neutre» (vert, blanc…).
Les parents, entourés de leurs amis, découpent le gâteau avant de pousser de petits cris lors de la découverte. Le tout filmé, parce qu’on est au XXIe siècle. Et posté sur YouTube. La première vidéo de ces «gender-reveal parties» a été postée sur YouTube en 2008, mais depuis quelques mois le phénomène s’accélère. «Dans les six derniers mois, plus de 1.800 vidéos de [ce type] ont été postées sur le site», précise le New York Times.
Sur les blogs consacrés à la maternité, beaucoup de mères expliquent que c’est «rien de moins que la nouvelle tendance la plus branchée» et que c'est «uber excitant». Mais tout le monde n’est pas de cet avis.
Dans ces fêtes, analyse le New Yorker, «les couples se saisissent d’un moment privé que la science a rendu possible, et contraignent d’autres personnes à s’y joindre, avec pour résultat –comme pour beaucoup de rituels inventés de nos jours– de renverser le centre d’attention et de le déplacer de l’endroit où il devrait être (en l’occurrence l’enfant) sur soi-même».
Un petit exemple où évidemment personne ne pense à l’enfant mais en réalité au père qui pleure:
«Dans une culture où la plupart des parents en devenir se sentent obligés de tweeter l’annonce de la grossesse, de poster des photos de leur route vers la clinique en direct sur Instagram, et de skyper le premier sourire de leur enfant, [ces fêtes] sont le dernier exemple de la démonstration publique de moments de parentalité qui, jadis, relevaient du privé», poursuit le New York Times.
Le New Yorker n’est pas moins virulent:
«C’est la caractéristique des coutumes fabriquées et des traditions de l’instant. Elles émergent dans une société atomisée qui n’a pour but que de remplir le vide laissé par la disparition de vraies cérémonies, et finissent par refléter le narcissisme de la société. Est-ce aller trop loin, de dire que les gender-reveal parties sont un léger symptôme de notre désespoir culturel?»